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Entrevue avec le Prof. Daniel Gardner, récipiendaire de la Médaille Paul-André-Crépeau 24-25

08 décembre 2025 | Madame Buu-dung Truong, Coordonnatrice aux communications et au marketing

ABC-04122025-076.jpgQu’est-ce qui vous a donné envie d’étudier le droit ?
À l'école secondaire, j'étais très fort en mathématiques mais les sciences m’attiraient moins. J’ai eu la chance d’être bien accompagné par un orienteur qui m'a dit un jour : « Écoute, si tu es bon en mathématiques, le domaine du droit pourrait t’intéresser, car c’est un domaine qui demande beaucoup de rigueur ». J’ai décidé alors de rencontrer des personnes issues de ce domaine pour en apprendre davantage. J’ai eu l’occasion de rencontrer un notaire et un juge et, en discutant avec eux, j’ai réalisé que ce domaine pouvait me plaire. En effet, c’est un domaine passionnant qui demande une certaine rigueur, une capacité d’analyse et un intérêt pour la démonstration.

Qu’est-ce qui vous a amené à enseigner le droit des obligations ?
Avant mes 25 ans, je ne pensais pas devenir professeur de droit. Au début, je souhaitais devenir fiscaliste, car la planification fiscale et successorale m’intéressait. Dans les années 80, ma copine voulait étudier à l’étranger et j’ai donc décidé de partir avec elle en France, à Aix-en-Provence, pour étudier pendant un an et demi. Et c’est à ce moment-là que je suis tombé dans la potion magique; j'ai eu la chance d'avoir des professeurs extraordinaires pendant tout mon parcours. D’ailleurs, pendant un de mes cours, un de mes professeurs m’a encouragé à faire un petit exposé sur les actions collectives, un véhicule procédural inconnu en France. Je me suis pris au jeu, j’ai fait un petit cours devant mes camarades de master et j’ai aimé ça. En rentrant au Québec, il y avait des postes à pourvoir en tant que chargé de cours, et c’est comme ça que j’ai commencé ma carrière en tant que professeur. Aujourd’hui, cela fait presque 40 ans que je suis professeur et j’aime toujours autant ça. Je suis très à l’aise dans une salle de cours et j’aime échanger avec les étudiants.es. Pour moi, le droit, c’est une question de contacts humains.

Quel est le meilleur souvenir que vous avez depuis que vous être professeur ? 
J'ai commencé à enseigner à l'automne 1986 et, même avec l'arrivée des médias sociaux et des nouveaux formats de cours en ligne, il y a une chose qui n’a pas changé : les bons étudiants sont toujours aussi motivés et intéressés. Ce qui m’a toujours stimulé dans l’enseignement, c’est qu’on a beau donner un bon cours aux étudiants.es, tout est à refaire pour le prochain cours. Chaque cohorte est différente et c’est ce qui rend mon travail stimulant. 

Parmi les différents ouvrages que vous avez publiés, quel est celui sur lequel vous avez le plus aimé travailler ?
J'ai travaillé sur deux grands ouvrages : le premier est « Jurisprudence commentée sur les obligations », sur lequel j’ai collaboré avec Maurice Tancelin (j’ai débuté avec la 3e édition). Malgré sa retraite et son décès subséquent, l’ouvrage a continué et en est maintenant à sa 13ème édition. Ensuite, mon principal ouvrage que j’ai conçu de A à Z, et qui reste mon bébé, est le « Préjudice corporel ». Je l’ai écrit lors de ma première année sabbatique, en début de carrière. J’ai écrit ce livre avant même de contacter un éditeur : je réalise que c’était un peu inconscient. Je l’ai envoyé aux Éditions Yvon Blais, et deux semaines plus tard, la directrice m’a contacté en me disant qu’elle était très intéressée. Ce livre n’est pas destiné uniquement aux étudiants et la dimension de droit comparé a pris de l’ampleur au fil des rééditions (la cinquième a été publiée en 2024).

Vous êtes professeur à l’Université Laval mais vous intervenez également à l’international, notamment à la Faculté de droit de l’Université Savoie Mont blanc : qu’est-ce qui vous a donné envie d’enseigner à l’extérieur du Canada ?
Dès 1989, on m’a invité comme professeur à Aix-en-Provence et, en faisant des conférences, j’ai commencé à me faire connaître. J’ai choisi d’enseigner tout particulièrement à la Faculté de droit de l’Université Savoie Mont blanc, car ils ont mis en place le premier programme de Master de dommage corporel, mon sujet de prédilection. Chaque année, depuis 2011, je donne entre 8 h et 10 h de cours dans leur programme à titre de professeur invité. Je collabore par ailleurs avec plusieurs autres universités françaises en Bretagne, dans la Loire et en Normandie; j’y serai en mars prochain pour une tournée de quatre Facultés de droit en dix jours. Pour moi, les voyages forment la jeunesse.

ABC-04122025-104.jpgAvez-vous connu le professeur Paul-André-Crépeau ?
J’ai connu le prof. Crépeau professionnellement dans le cadre de conférences. Il était présent à une de mes conférences à l’Université McGill, et j'ai déjà assisté à certaines de ses présentations. S’il était là aujourd’hui, il dirait que je le connais beaucoup plus que lui ne me connait...

Comment vous sentez-vous, à quelques semaines, de recevoir votre Médaille à la Cour d’appel du Québec, de la part du Président de l’ABC-Québec, Me Alexandre Forest, devant vos collègues et amis ?
J’avoue que je ne connaissais pas en détail les conditions à remplir pour soumettre une candidature pour la médaille Paul-André-Crépeau et ce qui m'a frappé c'est que cette médaille s'adresse autant à des professeurs de droit, comme moi, qu’à des avocats en pratique privée. Il y a deux types de récipiendaires possibles ce qui n’est pas si fréquent dans ce type de concours. J’étais donc agréablement surpris d’apprendre que le bassin de choix potentiels était large. J’aimerais simplement vous remercier pour ce prix.