Voici ce que vous devriez savoir avant de commencer vos études en droit

  • 23 janvier 2024
  • Madame Raphaëlle Nadon, Comité exécutif, Section étudiante

Avouons-le, choisir un cheminement de carrière qui correspond à nos intérêts et valeurs peut s’avérer intimidant. Pour certains, l’idée du cheminement parfait s’est matérialisée tôt, de sorte qu’il leur est facile de choisir dans quel domaine s’engager. Pour d’autres, l’incertitude quant au parcours professionnel est plus représentative de leur réalité.

Peu importe le groupe auquel le lecteur s’associe, il est toujours adéquat de faire un choix éclairé, surtout quand ce choix concerne votre carrière professionnelle. Cet article vise alors à informer les futurs étudiants en droit à la réalité d’une pratique en droit et de leur partager les prérequis, qu’on soit convaincu du cheminement idéal ou pas.

D’emblée, l’auteure souhaite souligner qu’il existe une pléthore de cheminements possibles en droit. Aussi cliché que cela puisse paraître, le droit, c’est une manière de penser qui ouvre beaucoup de portes, et pas seulement celle d’une carrière d’avocat! Cela étant dit, explorons maintenant les conseils des juristes et des futurs juristes.

Présentation des participants

Cet article implique la participation d’une juge, une avocate, un professeur en droit, un notaire, une médiatrice, une arbitre ainsi que d’une étudiante en droit. La participation d’une pluralité de juristes œuvrant dans différents domaines permet de brosser un portrait large des avenues possibles à l’issue des études en droit.

Cour.pngL’hon. Danielle Côté, Juge à la retraite de Cour du Québec

Madame la juge Côté a poursuivi des études en droit grâce à la série télévisée Perry Mason. Inspirée par le personnage principal, elle rêvait de plaider dans des salles de cour. Après ses études à l’Université de Sherbrooke, celle-ci a entamé sa carrière de juriste en tant que procureure de la couronne, où elle réalisait son rêve inspiré par la série télévisée. Elle a accédé à la magistrature à la chambre civile et à la chambre criminelle et pénale dans le district de Saint-François. Depuis peu retraitée, Madame la juge Côté s’implique parfois auprès de la Faculté de droit de l’Université de Sherbrooke.

 

Professeur Mathieu Devinat, Professeur à la Faculté de droit de l’Université de Sherbrooke et président de l’Association internationale de méthodologie juridique

Après un passage en cabinet généraliste, le Professeur Devinat a suivi des études supérieures à l’étranger. Cette opportunité lui a permis de découvrir le monde et d’augmenter son savoir de juriste. Inspiré par ses professeurs, il s’est rapidement intéressé au droit des biens, au droit comparé, au jurilinguisme et à l’interprétation juridique. Auteur de plusieurs articles et projets de recherche, il enseigne maintenant à l’Université de Sherbrooke et il préside l’Association internationale de méthodologie juridique.

Me Rachelle Pitre, Procureure en chef au Directeur des poursuites criminelles et pénales, Bureau de Montréal

Me Pitre, chérissant le rêve de devenir avocate depuis longtemps, a entamé sa carrière de juriste en tant que stagiaire au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), où elle œuvre depuis. Animée par le désir d’aider les plus vulnérables et de rendre notre société plus juste et équitable, elle s’investit surtout en matière de lutte contre les violences sexuelles.

Me Hélène maillette, Avocate, Médiatrice et Arbitre

Alors qu’elle était étudiante à l’Université, Me Maillette a acquis des connaissances pratiques en s’investissant auprès d’un cabinet de sa ville natale. Après ses études, elle s’est directement lancée dans une carrière d’avocate à son compte. Au fur et à mesure, elle a bâti son cabinet où elle œuvre maintenant à titre d’avocate, arbitre et médiatrice. En parallèle, Me maillette est chargée de cours à l’Université de Sherbrooke et à l’École du Barreau.

Me Rodrigo Marillanca, notaire en pratique non traditionnelle (agent fiduciaire exécutif pour les services fiduciaires à la Banque TD)

Me Marillanca a voulu étudier le droit afin de répondre à ses valeurs de justice sociale et afin de faire une différence dans la société. À sa sortie de l’Université McGill, Me Marillanca a pris une année sabbatique dans laquelle il a découvert qu’une carrière visant la prévention et l’accompagnement, ce qui rejoignait ses propres valeurs fondamentales. Il a alors entrepris une maîtrise en droit notarial à l’issue de laquelle il a joint la Chambre des notaires. Me Marillanca œuvre maintenant au sein d’une banque à titre d’agent fiduciaire, emploi qui lui permet d’aider les gens de manière préventive.

Pascale Côté, étudiante en droit-cheminement coopératif à l’Université de Sherbrooke

Ayant toujours eu un intérêt pour le monde financier, Pascale désirait un métier ou elle serait actrice de changement dans la société. Elle a donc décidé de se lancer dans des études en droit afin de concilier son désir d’entraide et son intérêt quant au monde financier par le biais, notamment, d’une éventuelle carrière en droit des affaires. Aujourd’hui, Pascale, entourée de gens autant motivés et intéressés par le domaine qu’elle, a l’opportunité d’étudier le droit à l’Université de Sherbrooke. Elle est également reconnaissante de pouvoir y découvrir plusieurs manières de s’impliquer dans la communauté.

Marie-Pier Fortin Paquette, étudiante en droit

Marie-Pier, ayant grandi dans le milieu juridique, a toujours eu un intérêt pour le droit. Elle a suivi des études en droit et en relations internationales au Cégep qui ont cristallisé son désir de devenir juriste. Marie-Pier est maintenant étudiante à l’Université de Sherbrooke, où elle découvre plusieurs domaines intéressants du droit. Elle est d’avis que le passage à la Faculté, c’est également une opportunité d’apprendre l’équilibre entre école, travail, vie sociale et bien-être.

La lecture de ces profils met en lumière le fait que les juristes sont, pour la plupart, animés par des valeurs de justice sociale. On y découvre également que la raison pour laquelle on entame des études en droit est propre à chacun. Que ce soit grâce à une série télévisée ou par suite d’une remise en question, tous les chemins mènent à Rome… ou à des études en droit en vue d’une carrière florissante!

Quelle est la chose la plus gratifiante d’une carrière de juriste?

Il semblerait que des juristes œuvrant dans différents domaines auraient des réponses différentes à cette question. Cependant, il est intéressant de remarquer que tous les participants à cet article sont d’avis que la partie la plus gratifiante d’une carrière de juriste est le sentiment du devoir accompli après avoir aidé les autres.

Par exemple, Me Pitre estime que l’accompagnement des victimes de violence sexuelle et l’opportunité de leur donner une voix sont des sources de motivation inépuisables.

De manière similaire, c’est le sentiment de satisfaction qu’ils obtiennent après avoir accompagné et informé leurs clients qui nourrit la passion de Me Maillette et de Me Marillanca. 

Madame la Juge Côté, quant à elle, estime que sa profession est passionnante parce qu’elle lui permet d’être entourée dans la salle de cour. Elle apprécie également l’opportunité de diriger l’instance de manière à faire avancer la justice.

En somme, que ce soit dans l’arène judiciaire, dans un contexte d’information ou sur les bancs de l’école, ce qui nourrit la passion de la plupart des juristes est le désir d’aider les autres. En partant de ce principe, analysons maintenant les conseils que les juristes et futurs juristes ont à donner à quelqu’un qui désire se lancer dans un parcours en droit.

Que faut-il savoir avant de commencer son parcours en droit?

- La préparation à la charge de travail

Il est important de comprendre que des études en droit ce n’est pas toujours facile. On apprend rapidement qu’il faut travailler fort afin d’arriver à ses fins. Selon Me Marillanca, l’étudiant qui désire commencer un baccalauréat en droit devrait comprendre qu’une carrière prospère dans ce domaine implique souvent des sacrifices et une charge de travail intense; il faut donc en être préparé. À cet effet, Madame la Juge Côté estime également qu’un futur étudiant en droit devrait s’informer sur ce qu’une inscription au baccalauréat en droit implique.

En effet, bien souvent, un baccalauréat en droit implique un travail constant afin d’arriver à un résultat souhaitable. Par exemple, il est fréquent pour un étudiant en droit de devoir lire au-dessus de 100 pages par semaine… Et certains diront même que ceci est le minimum! Ces lectures sont bien souvent, avec la matière vue en classe et les dispositions législatives concernées, matière à l’examen. Ainsi, la période d’examen implique une charge de travail importante à laquelle peut se joindre un sentiment d’anxiété profonde. Cette charge de travail se poursuit une fois la carrière débutée; le futur juriste devrait donc être conscient qu’un parcours en droit implique, bien souvent, un travail constant et intense, en plus de périodes de stress considérable.

Bibliotheque.png- Les bancs d’école

Concernant la charge de travail ainsi que le stress qu’impliquent un parcours de juriste, celui-ci doit s’accompagner d’autres activités qui « nous font du bien ». Il est fondamental, selon Madame Fortin Paquette, de trouver un équilibre de vie pendant ses études. Bien entendu, il faut se prendre à l’avance et développer des techniques d’étude efficaces, mais ces efforts sont vains s’ils ne sont pas accompagnés de temps consacré à d’autres activités enrichissantes.

De plus, selon Madame Côté, le passage à la Faculté de droit est la meilleure opportunité pour en découvrir plus sur ses champs d’intérêt. Un futur étudiant devrait oser saisir toutes les opportunités qui se présentent à lui, car toutes ces occasions ont le potentiel d’être une vocation future. Par exemple, divers événements et conférences concernant plusieurs domaines de droit sont organisés par des associations étudiantes et par l’ABC-Québec pendant l’année scolaire. Les futurs étudiants devraient donc profiter de ces opportunités rares afin d’en découvrir davantage sur ses champs d’intérêt.

- La présence d’options

Pour plusieurs, le mot « droit » rime avec le mot « avocat », et la réalité du juriste ressemble à un épisode de Suits. Cependant, il n’existe pas seulement cette option; l’emphase ne devrait pas toujours être mise sur la pratique en cabinet! Comme l’affirme le Professeur Devinat, il est important de savoir qu’il y a plusieurs options possibles à l’issue de ses études en droit; il suffit de trouver celle qui nous passionne.

- L’adaptation à une réalité changeante

Les médias sont maintenant une ubiquité dans la société actuelle. Il est donc important, selon Me Pitre, de savoir que les affaires judiciaires sont souvent accompagnées d’une attention médiatique et d’une pression militante particulière, notamment lorsque celles-ci concernent des sujets d’actualité. Il est crucial d’être informé du fait que la carrière d’avocat peut parfois venir avec une critique médiatique. L’avocat devrait, selon elle, traiter avec cette attention médiatique de manière transparente tout en conservant une certaine retenue lorsque cela s’avère nécessaire afin de garder la confiance publique à l’égard du système de justice.

De surcroît, les juristes doivent dorénavant savoir s’adapter aux réalités de différentes cultures. Dans un pays où l’on prône le multiculturalisme, le travail de juriste entraîne la nécessité d’en savoir plus sur la psychologie humaine et sur les valeurs fondamentales de différentes cultures. De plus en plus, le travail de juriste devrait s’accompagner d’une connaissance des différences culturelles selon Me Maillette.

En résumé…

Le futur étudiant en droit devrait comprendre que la carrière de juriste implique bien souvent une importante charge de travail. Cette charge de travail n’aboutit pas toujours sur une carrière d’avocat. Peu importe le cheminement que le cœur choisit, le juriste doit inévitablement savoir s’adapter à la réalité médiatique et multiculturelle de la société. À travers tout cela, il est primordial de garder un équilibre de vie et se rappeler que le but principal d’une carrière de juriste réside dans le désir que justice soit rendue afin d’aider les autres, peu importe la forme de cet aide!

Bon succès!

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L’auteure et la section étudiante de l’ABC souhaitent remercier les participants à cet article.

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