Le notariat en héritage : portrait d’un cartésien passionné

  • 27 mai 2014
  • ABC-Québec

Me Vincent MorierRécipiendaire du Prix Jules-Deschênes, bénévole au sein de l’ABC-Québec depuis 2000 et spécialiste du droit des affaires agricoles au sein de l’étude Morier Morier notaires, Me Vincent Morier arbore autant les couleurs du juriste rationnel que celles du notaire passionné.

Son grand-père, Louis-Édouard Morier, a fondé l’étude en 1918 et le fils de ce dernier, Gilles, s’est joint à lui en 1955. Son fils Vincent a intégré l’étude familiale en 1979.

Troisième de sa lignée à honorer le nom de l’étude Morier Morier notaires à St- Hyacinthe, il a suivi les traces de son père et de son grand-père. « Si vous me demandez pourquoi je suis notaire, je suis incapable de répondre à cette question. Mon père ne parlait jamais travail à la maison.  ».

La réponse la plus juste serait « Ça allait de soi », confirme-t-il. Même s’il a obtenu son diplôme d’études collégiales en sciences de la santé, le droit fut son premier choix lors de l’inscription à l’université. Entre la profession de notaire à Saint-Hyacinthe ou celle d’avocat dans un grand cabinet de Montréal, son cœur a balancé mais il a plongé vers la première option parce que « je préférais être roi dans un petit royaume que valet dans un grand », répond-il en guise d’explications, en précisant qu’il apprécie le fait de ne pas œuvrer dans le domaine du litige.

Après avoir obtenu sa licence en droit de l’Université de Montréal en 1978 et son diplôme de droit notarial en 1979, il a bâti sa clientèle tout en tissant des liens avec les clients de l’étude, qui est au service de certaines familles depuis cinq générations.

Et ces liens qu’il tisse sont authentiques. Me Morier dit retirer une grande satisfaction professionnelle lorsqu’il sert ces clients, souvent lors de moments marquants de leur vie.

Le droit agricole

Me Vincent MorierMême si on recourt à ses services pour tout type de dossier en lien avec la pratique notariale traditionnelle, il est spécialisé en droit des affaires dans le domaine agricole, qui compte pour environ 80% de sa pratique. Et c’est en œuvrant dans ce domaine particulier qu’il a pu constater la détresse affligeant le monde agricole et qui est pourtant peu visible. Leurs clients, c’est-à-dire les consommateurs, sont très exigeants et sévères à l’égard des agriculteurs. « Tout en voulant payer de moins en moins cher leurs produits, ils veulent que les animaux puissent gambader en liberté dans les champs.», un paradoxe que Me Morier déplore, puisque ce bien-être qu’ils souhaitent pour les animaux a un coût que peu d’entre eux sont prêts à assumer.

C’est le constat de cette détresse qui a amené Me Morier à apporter sa contribution à l’organisme Au cœur des familles agricoles pour l’établissement d’une maison de répit pour les agriculteurs.

Actif au sein de la profession depuis plus de 30 ans, Me Vincent Morier a vu de l’intérieur les mutations et l’évolution du notariat. Elles portent d’abord la marque des avancées technologiques, mais le changement est aussi d’ordre économique, selon lui.

S’il fut une époque où le curé, le médecin et le notaire étaient les trois piliers incontournables de toute communauté, on se met aujourd’hui en quête d’un notaire comme on fait la tournée des magasins de chaussures pour trouver celle qui nous sied à moindre coût. « Ma priorité est d’offrir un service qui répond aux besoins de mes clients. », signale le notaire.

Un bénévole engagé, « trésor » de l’ABC-Québec

Dans la communauté maskoutaine, Me Morier s’est impliqué au sein de différents organismes, tels que le Conseil régional des loisirs de sa région, le Saint-Hyacinthe Élite (organisme qui met sur pied des campagnes de financement pour le sport d’élite), Opération Nez rouge et le Groupe régional d’aide à la petite enfance, pour ne nommer que ceux-là. Il agit aussi comme conférencier auprès de différents organismes de sa région.

Me Morier a également toujours été actif au sein de la communauté notariale. En fait, son travail « para-professionnel » a commencé dès la fin de ses études universitaires. Il compte parmi les fondateurs de la Fédération des notaires du Québec - aujourd’hui dissoute - qui fut le premier syndicat des notaires voué à la défense de leurs intérêts socio-économiques. C’est  l’Association professionnelle des notaires du Québec qui a depuis pris la relève. De 1993 à 1999, il a été l’un des administrateurs de la Chambre des notaires du Québec et membre de son comité exécutif pendant trois ans.

C’est son travail auprès de la Chambre des notaires du Québec qui l’a mené à l’ABC. « En 1995, la Chambre m’avait délégué à la Conférence nationale de l’ABC qui se tenait à Winnipeg, où j’ai eu à prononcer à pied levé une conférence dans le cadre d’un atelier portant sur les techniques de prévention des pertes. J’ai dû improviser et j’en ai profité pour leur expliquer la différence entre un notaire du Québec et un notaire de common law », relate-t-il. C’est cette prestation qui a poussé l’ABC - National à lui offrir de s’impliquer au sein de différents comités dont son Comité des statuts, règlements et résolutions, qu’il a présidé.

En 2000, son séjour à l’ABC - National terminé, il soumettait sa candidature pour être administrateur de la Division du Québec (dont il est membre depuis 1994) et fut élu au poste de trésorier, poste qu’il occupât jusqu’en 2012. Il fut aussi membre de son Comité de révision des règlements, entre 2009 et 2012, président du Comité administration et finances, de 2000 à 2012, en plus d’être membre du Comité exécutif de la Division au cours de la même période. Aimé et apprécié de tous, la présidente de l’ABC-Québec Me Michèle Moreau le surnomme à point nommé « le trésor » de l’ABC-Québec.

« Mon implication me permet de contribuer au développement de la profession. Et le fait de rencontrer tant de gens actifs au sein de l’ABC est pour moi une sorte d’émulation intellectuelle », mentionne-t-il.

Il partage son temps entre toutes ces activités et sa pratique. Ses trois enfants sont aujourd’hui des adultes et le second est d’ailleurs avocat. Pas plus que son propre père ne causait boulot à la maison, Me Morier affirme qu’il était peu loquace à ce sujet lors des repas en famille.

Et l’avenir pour Me Vincent Morier? « Mon grand-père a pratiqué pendant 63 ans et mon père le fait encore à temps partiel. En fait, chez les notaires Morier, le mot « retraite » n’est pas un mot tabou, il n’existe tout simplement pas. Je n’aspire pas forcément à faire comme eux. Mais chose certaine, je ne serai pas oisif. ».

Mais qu’importe où ses pas le mèneront, sa personnalité chaleureuse, intègre et authentique attirera toujours le respect, l’amitié et l’estime de ses pairs.