Pro bono et droit, une combinaison qui va de soi

  • 30 mai 2017
  • Stéphanie Parent, ABC-Québec

Pour Mme Rime El Rhoul, pratiquer le droit, c’est d’abord être au service du citoyen. La finissante de la Faculté de droit de l’Université de Montréal n’a pourtant pas attendu de devenir membre du Barreau du Québec pour se lancer. Elle est coordonnatrice du Réseau national d’étudiants Pro Bono pour la section Université de Montréal et ses 142 étudiants bénévoles qui œuvrent dans 34 organismes. De plus, elle est stagiaire bénévole au Centre de justice de proximité du Grand Montréal ainsi que stagiaire à l’Institut canadien de l’administration de la justice et représentante étudiante sur son conseil d’administration.

L’ABC-Québec a souligné son implication exceptionnelle en lui remettant le Prix étudiant - Engagement social, accompagné d’une bourse de 300 $, lors du Dîner présidentiel du 23 mai dernier. « Merci aux différents organismes communautaires qui m’ont ouvert leurs portes et qui croient en l’importance du soutien bénévole étudiant au sein de leur équipe, ainsi que les nombreux juristes qui m’ont fait cadeau de leur temps, qui m’ont guidée et appuyée dans mes différentes implications », a-t-elle déclaré en acceptant son prix.

Le droit pour aider les plus vulnérables

Avant ses études en droit, Mme El Rhoul occupait un poste de stagiaire en immigration dans le bureau de comté de Papineau. « Je m’occupais de dossiers d’immigration et de réfugiés, relate-t-elle. Encore aujourd’hui, c’est une cause qui me tient à cœur. » C’est ce travail qui l’a décidée à devenir avocate.

Pour Mme El Rhoul, s’impliquer de manière pro bono en tant qu’étudiante en droit permet de prendre de la perspective. « C’est en s’impliquant que l’on développe un vrai contact humain qui nous fait ouvrir les yeux et nous rappelle pourquoi on est là. » Aider des personnes vulnérables a non seulement été très formateur pour la future juriste, mais elle n’hésite pas à affirmer que cela a créé un important « changement dans [s]a vie ». Être membre de l’ABC-Québec est une autre façon d’accéder à une réalité différente de celle enseignée dans les facultés de droit, selon Mme El Rhoul. « C’est un contact direct avec le domaine juridique, estime-t-elle. Je trouve extraordinaire que l’on fasse cette place aux étudiants. »

Mme El Rhoul est particulièrement fière de ce que son collègue M. Alexandre Csuzdi-Vallée et elle-même ont mis en place dans le quartier Côte-des-Neiges. « Cette année, nous avons créé une Clinique d’information juridique en partenariat avec le Centre communautaire de loisir de la Côte-des-Neiges (CELO) et Me Alex Georgescu, notre avocat superviseur. » Les besoins de cette communauté, située à deux pas de l’Université de Montréal, sont grands et caractérisés par l’immigration et la pauvreté. Elle-même fille d’immigrants, Mme El Rhoul explique : « Les nouveaux arrivants ne comprennent pas de quoi il s’agit quand ils reçoivent une ordonnance de saisie par exemple. Nous pouvons donc leur fournir des explications et les orienter. » L’équipe a dû multiplier les efforts pour faire connaître les services de la clinique. « Nous avons gagné la confiance de la communauté, se réjouit la bénévole. En un an, nous avons reçu un nombre incroyable de personnes. »

Son engagement comme stagiaire bénévole au Centre de justice de proximité du Grand Montréal l’a mise face à une réalité qui lui a causé un choc. « J’ai rencontré des citoyens qui ont des problèmes de santé mentale et juridiques, raconte-t-elle. Ils ne comprennent pas toujours bien ce qui se passe et sont coincés dans un cercle interminable, car le système de justice ne prend pas en considération les problèmes de santé mentale. La loi s’applique à tout le monde, mais la justice n’est pas accessible à tout le monde. »

Ce prix décerné par ses pairs juristes sera une motivation supplémentaire pour l’étudiante. « Je m’implique parce que j’aime ça et parce que c’est important. Mais être reconnue pour ce que l’on fait, que des gens importants soient impressionnés, c’est tellement valorisant », témoigne-t-elle.

À la fin de ses études, Mme El Rhoul espère pratiquer en droit du travail ou en droit administratif, les domaines qui l’intéressent le plus. Mais elle tient surtout à continuer de soutenir les plus vulnérables en s’impliquant de manière pro bono, particulièrement en ce qui concerne la cause des réfugiés.

Légende de la photo : De droite à gauche : Mme Rime El Rhoul et sa mère, Mme Bouchra Sennouni.