Reportages sur l’implication d’étudiants en droit au sein de leur communauté
On fait souvent miroiter aux étudiants en droit des salaires mirobolants ainsi que des carrières en complets et tailleurs, mais certains étudiants sont davantage mus par un souhait de contribuer à l’évolution de leur communauté et cherchent à utiliser leurs connaissances juridiques au profit de la collectivité.
Voici la première partie d’une série de trois entretiens avec des étudiants en droit impliqués au sein de leur communauté. Aujourd’hui, je vous présente Alexis Wawanoloath, ancien député provincial, candidat au Conseil de bande des Abénakis, membre de l’ABC-Québec et étudiant au baccalauréat en droit à l’Université de Sherbrooke.
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Alexis Wawanoloath revient tout juste d’un débat électoral à Albany, en vue des prochaines élections du conseil de bande des Abénakis d’Odanak. Il fait aussi régulièrement du porte-à-porte, un incontournable de toute campagne électorale.
Son élection comme député d’Abitibi-Est en 2007 a marqué l’histoire. Il est devenu le premier autochtone à siéger à l’Assemblée nationale depuis l’obtention du droit de vote par les Premières Nations en 1969. Il a, par la suite, été conseiller au Conseil des Abénakis d’Odanak de 2013 à 2015.
C’est un désir d’améliorer le sort de sa collectivité et de représenter les Premières Nations qui a poussé Alexis à s’impliquer. « Il s’agit de défendre une liberté collective, mais aussi d’assurer notre survivance collective, nous qui ne pouvons compter ni sur un État ni sur une autonomie gouvernementale complète pour assurer la survie de notre nation », indique franchement l’étudiant en droit à l’Université de Sherbrooke. « Je suis passionné d’histoire et je veux pouvoir transmettre ma culture, mon éducation et mon identité à mes enfants. »
Son retour aux études l’an passé s’est imposé de lui-même. Il est aujourd’hui en mesure de confirmer que les cours de droit administratif et de droit constitutionnel lui permettent d’être mieux outillé pour comprendre le droit et de s’assurer qu’il est bien appliqué. Et pourtant, les membres de sa communauté l’ont poussé à revenir pour se présenter à nouveau aux élections du Conseil de bande. Ses expériences politiques et professionnelles y sont pertinentes. Il évoque sa contribution passée à l’obtention d’emplois pour les membres de sa communauté et fait part de son désir d’être responsable du développement des ressources humaines, de l’environnement et du territoire, tout en poursuivant à temps partiel son baccalauréat.
Ses implications ont visiblement façonné la personne qu’il est aujourd’hui. « Si j’ai été admis au baccalauréat en droit avant d’avoir complété mon secondaire, c’est grâce à mon passé en politique. » Il remet en question le processus d’admission traditionnel au sein des facultés civilistes où l’on peut accéder aux études en droit avant d’avoir obtenu un diplôme universitaire ou une expérience professionnelle. « Les étudiants sont jeunes et manquent parfois d’expérience pour saisir les impacts qu’ils peuvent avoir. On a une certaine responsabilité en tant qu’étudiants en droit et futurs officiers de justice de combattre les inégalités inhérentes à notre système de justice. »
D’ailleurs, à ceux qui souhaitent s’impliquer pour la cause autochtone, il suggère de s’informer sur la situation en lisant sur les communautés ou en visitant des galeries d’art autochtones. Il mentionne aussi la possibilité d’assister à des soirées culturelles qui se tiennent dans des établissements de la métropole ou de compléter la route des pow-wow pour visiter les communautés et constater ce qui s’y passe. Finalement, il rappelle que les comités créés à cette fin sont présents dans de nombreuses facultés de droit et que c’est l’occasion de découvrir l’enjeu sous un angle distinct.
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J’aimerais remercier les deux étudiants et l’étudiante qui ont accepté de témoigner de leur expérience. Leurs réflexions auront permis, je le souhaite, d’inspirer les lecteurs et lectrices à s’impliquer. Ces entretiens auront peut-être permis d’amorcer une réflexion quant aux responsabilités qui accompagnent le statut d’étudiant en droit. Finalement, les lecteurs pourront réaliser le potentiel qu’ils ont de transformer leur environnement.
Simon Bouthillier, président de la section des Étudiantes et des étudiants de l’ABC-Québec