À l’occasion spécialement de la journée mondiale de l’enfance qui souligne l’adoption le 20 novembre 1989, de la Convention relative aux droits de l’enfant, le Comité exécutif de droit de l’enfant et de la jeunesse de l’association du Barreau canadien, division du Québec, souhaite aborder le thème de l’environnement.
Ces dernières années, de nombreux scientifiques se sont entendus pour dénoncer la gravité que représente le réchauffement de notre planète et les conséquences néfastes de celui-ci sur notre environnement. Notamment, des milliers d’espèces vivantes sont soient désormais disparues ou sur une liste qui s’allonge d’espèces en voie de disparition. Les impacts ne sont pas uniquement observés sur le monde animal, mais bien évidemment sur nous, les êtres humains. La race humaine sera-t-elle un jour sur cette fameuse liste? Sommes-nous à l’aube d’être en voie de disparition? « Les activités humaines ont entraîné une augmentation de la température moyenne globale de 1,0°C au cours des 150 dernières années. Le réchauffement atteindra probablement 1,5°C entre 2030 et 2052, s’il continue à la même vitesse. Le CO2 que nous émettons restera dans l’atmosphère pendant plusieurs siècles voir millénaires, maintenant une température plus chaude, même après l’arrêt total des émissions. Le changement climatique se manifeste à différentes échelles de temps, à la fois par des évènements extrêmes à court terme ainsi que par des effets de long terme tels que la hausse du niveau marin, la fonte des glaciers et des calottes ainsi que des modifications de la biodiversité. »[1]
Ce texte ne se veut point alarmiste, mais il espère une recrudescence de la conscience sociale sur la nécessité de poser des gestes individuels afin de réussir à minimiser collectivement sous la barre du 1.5 degré, ledit réchauffement climatique.
Comme si nos enfants étaient plus sages que notre monde d’adultes, cette année, plus que jamais, nous avons été secoués notamment par Greta Thunberg, cette jeune suédoise de seize (16) ans qui a su élever sa voix à l’unisson de plusieurs autres jeunes générations lors de son passage à l’ONU et du prononcé de son discours proécologie. Sa voix est notamment l’écho de la mienne. Je ne sais pas pour vous, mais lorsque j’étais petite, à l’école primaire, j’ai eu ma première prise de conscience de mon impact sur l’environnement. Un professeur nous avait mentionné que lorsque nous jetions un papier par terre, il fallait imaginer que des milliers, voire des millions de personnes font probablement la même chose que nous au même moment. Il avait pris la terre (le globe terrestre) dans ses mains et l’avait tapé fort sur son bureau en nous expliquant, qu’à ce moment-là, la terre tremblait de douleur! Je n’ai plus jamais jeté de papier par terre. Je l’ai mis dans mes poches et j’ai attendu une vraie poubelle. Rendue au secondaire, j’avais un professeur d’écologie qui se nommait Jacques Brossard, le cousin, si je ne m’abuse, du feu Georges Brossard. Ce dernier nous ayant légué le fameux insectarium de Montréal. Un jour, nous avons eu la chance d’aller à sa rencontre dans le cadre d’une sortie scolaire. Nous nous sommes dirigés à sa résidence personnelle à Saint-Bruno-de-Montarville à l’époque. Nous avons marché ensemble et cherché des insectes. Nous avons aussi eu accès à sa collection personnelle. Ce grand homme allait aussi m’apprendre une autre chose importante; il ne s’agissait pas de « bibites », mais bien « d’insectes »! Il avait un dégoût profond pour le terme « bibites ». Il venait de m’apprendre à bien nommer les êtres vivants. Et, à prendre conscience de la nécessaire interrelation que nous avions, nous, les êtres humains, avec notamment lesdits insectes. Que sans eux, nous ne serions pas les mêmes et que nous risquions de ne plus « être », pour tout dire.
Ainsi, le discours de Greta Thunberg a réveillé toutes ces prises de conscience.
Comment pouvons-nous ne pas réagir promptement à ce réchauffement climatique, sachant que la science décrie fortement cette situation. L’avocate en moi a fait un parallèle dans sa tête avec les recours qui se sont fait entendre à l’encontre des plus grands cigarettiers suivant les nombreux cancers et autres maladies découlant de la consommation de tabac. La science, quant aux impacts sur la santé de la consommation de tabac, a bien évolué. En réalité, elle a tellement évolué que nous avons désormais pris des mesures pour dénoncer les conséquences néfastes de cette consommation sur la santé. Maintenant que l’État est au courant, il doit agir en conséquence. Ne devrait-il pas en être de même pour l’avancée scientifique relative audit réchauffement climatique? Ces mêmes États, ont-ils réellement le droit de ne pas tout faire ce qui est en leur pouvoir pour enrayer et amenuiser au maximum les impacts prospectifs connus des émissions de dioxyde de carbone? Il est vrai qu’en droit nous tablons sur la souveraineté de chaque État et sur le fait que : « The king can do no wrong ». Mais, à partir du moment où ledit État est élu démocratiquement ou qu’il s’investit des pouvoirs d’un chef, il doit agir en conformité avec les normes internationales. Il doit agir « politiquement correcte ». Oui, les solutions doivent être drastiquement intenses. Oui, les gens vont réagir, car leurs habitudes vont être bousculées. Mais, l’Homme est un animal qui possède une belle capacité d’adaptation. Le temps agira en sa faveur sur l’intégration des changements nécessaires. Mais, s’il meurt, l’Homme n’aura même plus la chance de s’adapter. Je crois que nous devons effectivement faire davantage. Nous n’avons pas de contrôle véritable sur les gouvernements.
Mais, pour le bien de nos enfants, prenons le contrôle sur nous-mêmes! Je vous invite en cette journée mondiale de l’enfance à intégrer au moins un changement individuel dans vos foyers pour permettre que nous arrivions par ces gestes à collectivement faire la différence. Et surtout, à donner l’espoir à nos enfants qui méritent eux aussi d’avoir des enfants qui pourront bénéficier du meilleur état de santé possible, tel que nous l’avions prévu dans nos engagements internationaux.
Voici une courte liste de ce que vous pouvez faire pour protéger l’avenir de nos enfants et, par le fait même, leur laisser le loisir de vivre leur enfance de façon insouciante : planter un arbre, recycler, composter, minimiser les achats de produits suremballés tels que des fruits et des légumes, manger des fruits et légumes locaux en fonction de la saison, utiliser le transport en commun plus souvent ou un moyen de transport écologique tel que le vélo au lieu de la voiture, emporter systématiquement ses sacs d’emballages réutilisables pour faire ses courses, ne plus acheter de bouteille d’eau en plastique individuelle pour plutôt privilégier une bouteille d’eau réutilisable, utiliser des sacs à sandwich et à collation lavables/réutilisables pour les lunchs, mieux isoler vos maisons, utiliser le bois pour se chauffer au lieu du charbon et abaisser d’un degré les chauffages électriques dans la maison (avoir des thermostats pré ajustables pour le jour et la nuit), fermer les lumières en quittant la maison, utiliser une tasse à café réutilisable quotidiennement (d’ailleurs souvent les commerçants offre un pourcentage de rabais à cette occasion), etc.[2]
Me Caroline McKenna
Présidente de la section de droit de l’enfant et de la jeunesse de l’Association du Barreau canadien, Division Québec.