L’adrénaline qui parcourait ses veines ce matin-là se muait par moments en exaltation, alors qu’il se rendait au bureau. Après une longue bataille juridique et les deux dernières semaines à redoubler d’ardeur, Me Scott Rozansky allait procéder, avec sa cliente, une entreprise majeure du secteur de l’énergie, au dépôt du prospectus auprès de l’AMF. Sa fébrilité n’avait pas pour seul déclencheur l’anticipation de ce moment crucial, à 14h. L’autre bougie d’allumage était portée par la femme de sa vie. Et elle a culminé pendant qu’il était au volant de sa voiture, filant vers le bureau. Son téléphone a sonné et au bout du fil, sa tendre moitié lui annonçait que le travail vers la naissance de leur second enfant venait de s’amorcer. En ce 31 août 2010, le Maître a exulté en gagnant un galon de fierté et le père en s’enivrant de ce bonheur inégalable de tenir pour la première son enfant dans ses bras.
Portrait de Me Scott Rozansly, président de la section de droit des affaires – comité valeurs mobilières
La petite Lea est âgée de trois ans, mais les propos sont encore émaillés de relents d’émotion alors que l’avocat spécialiste des transactions commerciales chez Dentons raconte spontanément cette journée inoubliable lorsqu’on lui demande d’évoquer des dossiers marquants de son parcours d’avocat.
Alors que la naissance de la deuxième de ses trois enfants était imminente, le juriste de 34 ans s’était frotté, non sans un travail acharné avec son équipe, à une double transaction. « Pour acquérir le Fonds de revenu, l’entreprise devait faire une distribution des actions », mentionne Me Rozansky.
Au moment où il mettait les pieds sur le terrain des études universitaires au début des années 2000, il ne se doutait pas qu’il marchait vers le rôle de conseiller pour des entreprises d’envergure des secteurs de l’énergie, de la technologie, des activités minières, du jeu et de l’hôtellerie et des loisirs.
En fait, il se voyait plutôt lui-même aux commandes d’une entreprise, pourvu de son baccalauréat en commerce de l’Université McGill. « J’avais remarqué qu’il y avait beaucoup de lois et règlements pour les gens en affaires. J’ai décidé d’étudier en droit pour en apprendre plus », relate-t-il.
L’attrait pour la pratique du droit l’a happé et son diplôme de l’Université de Montréal en mains, il fut admis au Barreau en 2007. Quelques mois après un stage chez Ogilvy Renault, il est entré chez Fraser Milner Casgrain, avant le regroupement qui a mené à la formation de Dentons.
Et la fibre entrepreneuriale qu’il possédait avant d’entreprendre ses études le titille-t-il parfois au point de ressentir des sursauts de regret? Non, répond-il sans hésiter, en ajoutant qu’il apprécie le fait de travailler avec des entrepreneurs et de vivre avec eux les hauts et les bas de leur mission. Il vit en quelque sorte leur satisfaction professionnelle par procuration, confirme-t-il…
Temps partagé
C’est qu’il est véritablement plongé dans l’univers des entreprises, petites et grandes. Les mandats qui lui sont confiés relèvent du droit des sociétés et des marchés financiers et il traite aussi des dossiers de fusions et acquisitions, financement transfrontalier et valeurs mobilières et financement des sociétés.
Sans oublier les entreprises en démarrage, ajoute-t-il. « Nous avons démarré pour elles un programme d’aide en janvier 2014. Plusieurs d’entre elles ont besoin de plus de flexibilité quant aux horaires. Nous leur offrons cette flexibilité au début. Elles deviendront peut-être des grandes entreprises et sont susceptibles de devenir des clientes fidèles plus tard », poursuit-il.
L’idée de migrer vers un autre domaine de pratique ne lui a jamais effleuré l’esprit, malgré le stress et la fatigue inhérents aux derniers milles de la conclusion de transactions commerciales et financières.
Même s’il ne compte pas ses heures lors de ces périodes de travail intense, il tient à offrir des parcelles de son horaire à l’ABC-Québec. Son implication constitue pour lui l’opportunité de discuter valeurs mobilières avec d’autres juristes qui œuvrent dans ce domaine.
Il consacre aussi tout le temps nécessaire à sa famille, souligne-t-il. «Quand j’ai décidé d’être avocat, on m’avait dit qu’il était pratiquement impossible d’avoir des enfants et d’exercer cette profession… », relate celui qui s’arroge aussi des « moments à soi », en jouant au basketball deux ou trois fois par semaine.
Un avocat passionné « modéré »? Il affirme ne pas être le type féru du droit au point de plonger dans les lectures juridiques à tous les soirs. « Je suis plutôt passionné par le type de travail que je fais… »
Et du coup, il savoure ces moments d’exaltation que procure la conclusion de certains mandats. De même que tous ces instants magiques, après l’euphorie de leur naissance, dont ses enfants sont les héros. Un avocat heureux, tout autant qu’un homme comblé.