Entre une métaphore de cabinet dentaire, une montée d’indignation enrobée d’humour et quelques bribes de témoignage professionnel, le président de l’ABC a esquissé un portrait des virages qu’empruntera la profession juridique au cours des prochaines années, devant la cinquantaine d’étudiants en droit qui l’ont écouté dans le cadre du cocktail Vins & fromages de l’ABC-Québec organisé pour eux, le 2 avril dernier. Ils ont laissé échapper quelques rires, sans pourtant douter du fait qu’ils devront prendre le bon train s’ils veulent atteindre leur destination professionnelle, sur ces nouvelles voies de la profession.
Les propos émaillés d’humour de Me Fred Headon reflétaient les grandes lignes du projet de l’ABC Avenirs en droit, une étude sans précédent de l’état de la profession d’avocat au Canada. Le rapport final sera dévoilé en août 2014.
Présenté par le vice-président de l’ABC-Québec, Me Antoine Leduc – qui est aussi un ex-confrère de classe de Me Headon à l’Université McGill – Me Headon a d’abord expliqué aux étudiants massés dans la salle de la superbe Maison Jeanne-Sauvé à Montréal, la distinction entre les Barreaux et l’ABC.
Il a consacré le reste de son allocution à l’avenir de la profession. « Avec ce projet (Avenirs en droit), nous voulons comprendre les tendances qui obligent la profession à s’adapter, mentionne l’avocat, conseiller général adjoint en droit du travail et de l’emploi chez Air Canada à Montréal. Nous avons sollicité le professeur Richard Susskind, qui a analysé les tendances clés du marché juridique et nous avons embauché une firme pour mener une consultation auprès des entreprises et institutions ».
Plusieurs constats ont émergé de cette enquête, signale le président de l’ABC et il en cite deux exemples : les clients réclament d’une part des coûts prévisibles pour les services d’un avocat et veulent d’autre part être informés au sujet du processus judiciaire dans lequel ils s’apprêtent à s’engager.
À l’instar du dentiste qui confie une part substantielle de la prestation de soins à l’hygiéniste dentaire, les avocats seront de plus en plus encouragés à partager une part de leur domaine traditionnel avec des professionnels non juridiques ou parajuridiques, explique Me Headon.
Il a également évoqué le rôle des nouvelles technologies dans l’évolution de la profession et souligné le fait que les juristes de demain pourraient être appelés à mettre leur expertise au service de nouveaux types de prestataires de services ou d’entreprises. Il a enchaîné en souhaitant que des avocats puissent éventuellement travailler en partenariat avc d'autres professionnels, par exemple au sein de firmes comptables.
L’entrepreneuriat, de même que la recherche et le développement, constituent aussi des filons prometteurs en termes de perspectives d’emploi, souligne le président de l’ABC. « La conception de logiciels, par exemple, comme celui de la Loi sur l’impôt, nécessite l’expertise d’avocats », précise-t-il, en ajoutant que le rapport de l’ABC fait également état de la formation des futurs juristes.
Me Headon a cédé sa place au lutrin à Olivier Girardeau, président de la section des étudiants en droit, qui a dévoilé les noms des cinq étudiantes gagnantes d’une adhésion gratuite à l’ABC-Québec.
Malgré le fait que le moment était venu de se drigier vers les tables sur lesquelles trônaient vin, pain, craquelins et fromages après le discours, le président de l’ABC a attiré autour de lui son lot de futurs juristes qui désiraient en savoir davantage sur la profession qu’ils embrasseront au cours des prochaines années.
Outre le fait qu’elle a grandement apprécié la présentation de Me Headon, Annie-Claude Authier, étudiante à l’UQAM, a pour sa part confié à l’auteure de ces lignes qu’elle est préoccupée par l’incidence des bouleversements pressentis et nécessaires sur les perspectives d’emploi en droit. Sa conseur de la faculté de droit, Laurence Vincent, soulève quant à elle la pertinence de comprendre les inquiétudes des futurs clients.