La présence de Me Michel Robert, ancien juge en chef du Québec, au Cocktail du temps des Fêtes de l’ABC-Québec à Montréal, n’avait rien d’anodin puisque des prix ont été créés en son honneur.
Les prix Michel-Robert, initiative de Me Antoine Leduc, président de l’ABC-Québec, seront remis à l’auteur du meilleur mémoire de maîtrise et de la meilleure thèse de doctorat dans l’un des domaines suivants : droit international, droit constitutionnel et droits et libertés de la personne, ainsi que l’État de droit, dans quelque domaine que ce soit. Les travaux gagnants seront également publiés aux Éditions Yvon Blais. Nous avons eu le privilège d’échanger quelques mots avec ce grand juriste.
Membre de l’ABC depuis 1964, Me Robert exprime l’importance d’en faire partie. Selon lui, comme la notion d’échange est primordiale dans le Canada, les juristes des différentes provinces doivent entrer en contact et l’Association favorise les rencontres entre juristes de partout au pays. « On ne peut interpréter le droit des provinces de manière isolée, car leurs évolutions ne se font pas en vase clos et s’influencent mutuellement, ajoute-t-il. L’ABC est à l’origine de beaucoup de changements constitutionnels, car elle a le temps et la liberté de s’intéresser aux questions les plus fondamentales du droit. » Même au cours de son passage à la magistrature, il jugeait son adhésion importante afin de conserver le contact avec le reste du milieu juridique.
À la fin de sa carrière de juge, Me Robert a pris une brève retraite avant de retourner à la pratique au sein du cabinet BCF avec le mandat d’y former les jeunes avocats. « J’ai été admis au Barreau du Québec il y a 52 ans et j’ai l’expérience de la pratique, déclare-t-il. Plaider ne s’apprend pas sur les bancs d’école. Tant que l’on ne se retrouve pas devant un juge, on ne sait pas comment on va réagir. C’est cette expérience que je peux leur apporter. »
Me Robert s’est toujours intéressé au droit constitutionnel et l’influence de feu Jean Beetz, juge à la Cour suprême, qui lui a enseigné, y est pour beaucoup. « Pour lui, l’histoire, la politique et le droit constitutionnels étaient indissociables », se rappelle Me Robert. Pour l’ancien juge en chef du Québec, l’enjeu de droit constitutionnel qui l’interpelle le plus est la formule d’amendement. « Avant le rapatriement de la Constitution, des changements y avaient été apportés 23 fois par l’entremise de la Grande-Bretagne. Mais depuis cet événement, nous avons réussi à y apporter des changements à seulement quelques reprises », explique-t-il, et ce, malgré de nombreuses tentatives.
Notre entretien s’est terminé avec le lancement des prix Michel-Robert. L’ancien juge en chef du Québec a accepté avec humilité que des prix récompensant des travaux dans des domaines de droit qu’il a privilégiés tout au long de sa carrière. Il a d’ailleurs souligné l’importance de la primauté du droit : « Il est nécessaire pour nos sociétés de défendre les droits et libertés fondamentaux dans le monde actuel. »
Il a dû quitter la réception après le lancement pour se rendre à Ottawa où il a été fait officier de l’Ordre du Canada. Un honneur supplémentaire pour souligner une carrière juridique de plus de 50 ans que l’homme de droit qualifie lui-même d’« intense ».
Vidéo produite par BCF Avocats d'affaires pour l'occasion :