On dit que le fait de reconnaître l’existence d’un problème est le premier pas en vue de le régler.
On peut, toutefois, reconnaître l’existence d’un problème sans pour autant savoir de quoi il s’agit. Souvent, il est plus facile d’identifier un problème de dépendance à l’alcool ou à la drogue si la personne en question est prête à se l’avouer, mais il peut s'avérer beaucoup plus difficile pour elle de comprendre que c’est la dépression ou un autre trouble de santé mentale qui fait en sorte qu’elle éprouve le cafard et se sent abattue.
Tout le monde parle de la santé mentale de nos jours, semblerait-il, mais malgré cela, il demeure très stigmatisant pour les membres de la profession juridique d’oser parler de leurs problèmes de santé mentale. La nature de leur travail fait en sorte que les gens qui se tournent vers eux doivent être sûrs qu’ils sont sains d’esprit.
Alors, que faire si vous pensez ne pas l’être?
L’ABC a mis sur pied, en partenariat avec Bell Cause pour la cause et la Société pour les troubles de l’humeur du Canada, un cours en ligne conçu spécialement pour les membres de la profession juridique. Le cours a pour but de sensibiliser les juristes aux problèmes de santé mentale et les aider à comprendre la nature de ces troubles et de la dépression, notamment les éléments déclencheurs de ces maladies, ainsi que leurs conséquences sur le corps et l’esprit. Le cours fournit également des ressources axées sur la prévention et le traitement.
Le cours en ligne La santé mentale et le bien-être chez les membres de la profession juridique est offert à titre gracieux et confidentiel aux membres de la profession juridique, qu’ils soient membres de l’ABC ou non. Ce programme de formation a reçu l’agrément de la part de tous les barreaux provinciaux, à l’exception des barreaux du Nouveau-Brunswick et de la Colombie-Britannique, et il donne droit à un maximum de 6 crédits d’heures de formation continue. Ce cours constitue une source de renseignements fiables pour ceux et celles qui pensent souffrir d’un problème de santé mentale ou qui voudraient approfondir leurs connaissances de la question pour mieux repérer les problèmes dès qu'ils surgissent. Le cours aborde, par ailleurs, la question de la stigmatisation dans le contexte de la profession juridique et les moyens de composer avec celle-ci. L’objectif est d’aider la profession à promouvoir une culture de mieux-être.
« C'est une expérience stigmatisante que de traiter un problème de santé mentale », a déclaré Michele Hollins, ancienne présidente de l’ABC, aux membres du Conseil lorsque le cours leur a été présenté au mois d’août. Mme Hollins parle candidement de la dépression dont elle a souffert il y a environ dix ans; elle a fait du mieux-être des juristes l’une des questions prioritaires durant son mandat. Elle a ajouté que les études démontrent que le taux de dépression est plus élevé au sein de la profession juridique par rapport aux autres professions.
Selon Mme Hollins, alors qu’elle était aux prises avec la dépression, elle a vécu la période la plus déconcertante et la plus inquiétante de sa vie. « Ma maladie devenait de plus en plus débilitante d'un jour à l'autre et j’étais incapable d’y remédier. »
Doron Gold, psychothérapeute et expert en la matière qui exerçait auparavant le droit, fait remarquer que le programme de formation est interactif, c’est-à-dire que les participants pourront commenter les modules et voir les commentaires des autres. Le fait d’établir un contact avec les autres, de savoir qu’on n’est pas seul à passer à travers une telle expérience « fait tomber les préjugés », explique M. Gold.