Si la chance a souvent souri à Me Jodi Lackman, cette dernière lui a certainement souvent souri en retour. Portrait d’une avocate en valeur mobilière passionnée qui rayonne d’une énergie contagieuse.
Comprendre le monde
Me Lackman s’est d’abord intéressée au droit comme moyen d’appréhender les rouages du monde qui l’entourait. « Après mon baccalauréat en journalisme et communication à l’Université Concordia, j’avais l’impression que je ne savais rien de la façon dont le monde fonctionnait, raconte-t-elle. J’avais 22 ans et je n’étais pas prête à me lancer sur le marché du travail. » Elle s’est donc inscrite au programme national en droit civil et en common law de l’Université McGill. Elle a beaucoup aimé étudier le droit, ce qu’elle décrit comme un exercice « philosophique et une gymnastique intellectuelle » qui lui a enseigné comment penser.
C’est au cours de sa deuxième année à la Faculté de droit que les choses semblent se mettre en place d’elles-mêmes pour la première fois dans le parcours de Me Lackman. Elle raconte une journée carrière qui fut déterminante : « Je ne savais pas ce que je faisais, avoue-t-elle en riant. J’ai envoyé ma candidature et passé des entrevues pour avoir un stage même si je pensais alors devenir professeure. » Elle a finalement été embauchée au cabinet Phillips & Vineberg, aujourd’hui Davies.
« J’ai été chanceuse, une associée en valeur mobilière cherchait une junior », raconte l’avocate. La jeune Me Lackman ne connaissait alors pas ce champ de pratique et ne soupçonnait pas non plus qu’il puisse l’intéresser. Mais elle a adoré son stage et découvert un domaine qui l’a passionné, bien qu’elle n’ait jamais suivi de cours lié à celui-ci. « Ce que je fais au day-to-day, je l’ai appris en le faisant », relate-t-elle. Me Lackman a travaillé pendant sept ans dans ce cabinet.
Avoir les astres de son côté
L’autre grande étape de la carrière de Me Lackman s’est produite en 2004, après la naissance de ses deux enfants. « Je travaillais trop d’heures, explique-t-elle. Je devais sortir de la pratique en cabinet si je voulais voir mes enfants. » Elle a donc transmis son curriculum vitæ à quelques personnes. Dix minutes plus tard, l’avocate recevait un appel d’un chasseur de tête engagé par le Fonds FTQ qui cherchait un juriste spécialiste des valeurs mobilières. « Il m’a dit : "J’ai le job parfait pour toi", se souvient-elle. C’est étrange, les étoiles étaient alignées. »
Son travail au Fonds FTQ ne diffère pas de celui en cabinet puisqu’elle continue de faire du transactionnel. Elle apprécie également pouvoir adopter le point de vue du client : « C’est intéressant d’être représenté par d’autres avocats, par exemple lors de la syndication dans certaines transactions, observe-t-elle. En tant que cliente, au lieu de passer trois semaines enfermée pour la rédaction d’un prospectus d’appel à l’épargne, je passe une heure à le lire. »
Maintenant présidente du Comité Valeurs mobilières & Fusions et acquisitions de la section de droit des Affaires et après 18 ans de carrière en droit, Me Lackman a développé une vision à « 10 000 pieds d’altitude » de son domaine de pratique. « Depuis le début de ma pratique, il y a eu beaucoup d’harmonisation des règles entre les provinces, observe-t-elle. C’est plus facile qu’avant. »
Malgré cette tendance à l’uniformisation, la possibilité de la création d’une commission des valeurs mobilières nationale qui remplacerait le système par province actuel est pour l’avocate, « un nuage » sombre qui plane au-dessus de la pratique en valeurs mobilières. « Actuellement l’Autorité des marchés financiers est à Montréal, ils nous connaissent, et, quand on les appelle, c’est facile, illustre l’avocate. Si une commission nationale est créée et que le siège social est à Toronto, on perdra de cette familiarité. » C’est une situation qui est surveillée par le Comité qui sera prêt à offrir une formation sur le sujet si cette éventualité devait se concrétiser.
« Être présidente de ce comité m’a forcée à approfondir mes connaissances et m’a donné une autre perspective sur mon domaine, affirme Me Lackman. Je pense quotidiennement aux sujets qui seraient intéressants pour convaincre les collègues de sortir de leur bureau pour aller suivre une formation. »
Le comité joue d’ailleurs avec l’idée de tenir une formation sur les administrateurs nommés au conseil d’administration par les actionnaires. Les conflits d’intérêts possibles et la question de savoir à qui ces personnes se rapportent feraient partie des sujets abordés. Restez branché sur l’ABC-Québec pour être informé des prochaines formations!