Dès le tout début de sa carrière, Me Simon V. Potter, associé chez McCarthy Tétrault, s’est impliqué au sein de l’ABC-Québec où il a contribué à plusieurs dossiers d’envergure, en plus d’avoir assumé la présidence de la Division et, plus tard, de l’ABC au niveau national. C’est donc pour reconnaître son engagement bénévole, profond et constant, que l’ABC-Québec lui remet le prix Jules-Deschênes.
Éminent avocat de litige, Me Potter se déclare « très honoré et touché » de recevoir ce prix, tout en soulignant à quel point les grands projets auxquels il a pris part étaient toujours le résultat du dévouement de toute une équipe. « C’est inspirant de voir ces centaines de personnes travailler dans l’espoir de créer un monde meilleur », résume-t-il.
L’ABC comme fenêtre sur le monde
C’est donc en 1975 que Me Potter débute sa carrière chez Ogilvy Renault et devient membre de l’ABC-Québec. L’honorable François Rolland, maintenant juge en chef de la Cour supérieure du Québec, l’encourage d’abord à s’impliquer au sein de la Conférence des jeunes avocats. Son mentor, Me Yves Fortier, président au niveau national en 1982-1983, l’entraîne également à sa suite. « J’ai fait connaissance avec beaucoup de gens dans l’ABC-Québec par son entremise, raconte Me Potter. C’était amusant et enrichissant de m’impliquer. »
Dès lors, son implication au sein de l’ABC par le biais de l’ABC-Québec, lui permet de « faire des rencontres et de voir ce qui se passe dans d’autres secteurs de droit et dans d’autres provinces, explique-t-il. L’ABC était une fenêtre pour voir à l’extérieur du silo où j’étais. » Conférencier à maintes reprises lors de formations données par la Division, il se consacre aussi au Barreau du Québec et occupe la fonction de président de l’Association du Jeune Barreau de Montréal en 1983-1984. « Je m’y suis fait des amis qui le sont encore aujourd’hui », dit-il.
Président de l’ABC-Québec en 1991-1992, Me Potter se lance ensuite dans la course à la présidence au niveau national, accédant à ce poste pour l’année 2002-2003.
Au cours de ses années d’engagement, Me Potter a pu contribuer à plusieurs projets qui ont marqué l’ABC, ne serait-ce que lors de l’élaboration du premier projet de la Loi antiterroriste en 2001. Incarnant le visage de l’ABC dans ce dossier, il souligne le travail de nombreux bénévoles dans ces interventions. « Des avocats de tout le Canada ont investi beaucoup d’heures de travail et de réflexion, et nous avons obtenu des changements à la loi, se souvient Me Potter. C’était très important et enrichissant. Je suis fier de la participation de l’ABC et de la Division du Québec dans ce débat. »
Il participe plus tard à un débat d’encore plus longue haleine dans le contexte de l’élaboration de la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes. « Au Canada, les avocats ont résisté à des mesures les obligeant à espionner leurs propres clients et à devoir dénoncer, secrètement, toute irrégularité aux autorités, indique-t-il. Partout ailleurs, que ce soit aux États-Unis, au Royaume-Uni ou dans toute l’Europe, ils ont fléchi. Je suis fier d’avoir été impliqué dans ce processus dont l’ABC a fait partie. La relation avocat-client a été protégée, grâce au travail de l’ABC et de la Fédération des Professions Juridiques. »
Au fil de ses propos, Me Potter met constamment l’emphase sur tous celles et ceux qui, au fil des ans, ont préservé l’importance de la division du Québec au sein de l’ABC. « C’est un défi constant, car nous sommes un petit nombre, mais le travail des bénévoles l’a permis », déclare-t-il.
Aujourd’hui, Me Potter est membre de l’American Bar Association (ABA) et de l’International Bar Association (IBA), ainsi que Fellow de l’American College of Trial Lawyers (ACTL). Ces associations lui ont permis de connaître des notions de droit au niveau international, par exemple dans le domaine des prisonniers de guerre, lui donnant accès à une ouverture sur le monde qu’il recherchait, et recherche, toujours. L’avocat explique que l’ABC lui a servi de tremplin à cet égard : « Je ne m’y serais pas impliqué si je n’étais pas d’abord passé par l’ABC », affirme-t-il.
Revenir au rôle fédérateur de l’ABC
Me Potter souligne à grands traits l’ouverture sur les autres domaines du droit et sur le monde que lui a donné son engagement à l’ABC. Il déplore ce qu’il appelle les « pressions de segmentation » actuelles que vit la communauté juridique, surtout les jeunes. « Il est facile de s’isoler à l’intérieur d’une petite communauté dans son domaine de droit, et la technologie renforce ce phénomène, expose-t-il. Il faut contrebalancer cet effet silo et l’ABC est un instrument qui permet de le faire. »
Cet isolement peut véritablement avoir un impact négatif sur la carrière des jeunes juristes, affirme le plaideur aguerri : « Un jeune avocat qui vit en silo est moins valable pour un client, et pour un cabinet, que celui qui s’est gardé ouvert et à l’affut. » Il appelle donc les nouvelles générations à s’ouvrir sur les autres, tant dans leur vie professionnelle que personnelle.
Il s’étonne sur ce phénomène d’isolation. « Si on demande aux jeunes des facultés de droit pourquoi ils choisissent le droit, aucun ne répondra qu’il veut s’enfermer dans un silo, qu’il veut se concentrer sur un seul domaine pointu, relate Me Potter. Ils cherchent une meilleure compréhension du monde, ils cherchent à aider leurs clients. En érigeant des silos, nous faisons tout le contraire. »
Il garde donc espoir pour l’avenir. Pour lui, la communauté juridique doit se rappeler de ses obligations et continuer à défendre vigoureusement les grandes valeurs de la profession. Quand ces valeurs sont sous attaque, « Seuls les avocats peuvent venir à la rescousse », affirme Me Potter. Et l’Association du Barreau canadien est le meilleur outil pour unir et pour faire entendre et sentir la voix de la profession.
Discours d'acceptation de Me Simon V. Potter
Photo : Me Simon V. Potter (à droite) reçoit le prix Jules-Deschênes des mains de Me Antoine Leduc, président de l'ABC-Québec.