L’honorable Gary D.D. Morrison, juge à la Cour supérieure du Québec, s’implique depuis plus de 15 ans auprès de l’hôpital Shriners pour enfants de Montréal. Il a joué un rôle primordial dans le maintien de l’institution dans la métropole québécoise de même que son installation au site Glen. C’est pour cet engagement et son impact que l’ABC-Québec a remis le Prix pro bono Rajpattie-Persaud 2016 à l’honorable Gary D.D. Morrison lors du Dîner présidentiel du 2 juin dernier. Le juge Morrison a été nommé à la Cour supérieure en 2012 alors qu’il pratiquait au cabinet Heenan Blaikie.
Conserver l’hôpital
L’hôpital Shriners pour enfants fait partie du paysage montréalais depuis 1925. Pourtant, en 2003, la décision sera prise de le réinstaller à London en Ontario. Jusqu’en 2007, le juge Morrison, alors avocat, travaillera à convaincre les Shriners au niveau mondial de maintenir l’hôpital à Montréal tout en faisant face à une campagne en faveur de sa rivale ontarienne. « Gary est à la fois un défenseur et un bâtisseur de l’hôpital. Un défenseur, car il a veillé à que cette institution médicale d’avant-garde demeure à Montréal; et un bâtisseur, car il s’est assuré que l’organisation amasse les 130 millions de dollars nécessaires à son installation au site Glen » (traduction libre), indique l’honorable Mark G. Peacock de la Cour supérieure du Québec qui a proposé la candidature du juge Morrison pour le prix.
Un point crucial de cette lutte a eu lieu à Baltimore en 2005 où l’honorable Morrison était, comme président du conseil d’administration de l’hôpital, à la tête d’une délégation incluant Jean Charest, alors premier ministre du Québec, Philippe Couillard, alors ministre de la Santé au niveau provincial, et Gérald Tremblay, maire de Montréal de l’époque. Ce fut une expérience exceptionnelle pour le juriste où il régnait une ambiance fébrile de congrès politique. « Il y a eu beaucoup de couverture médiatique en Ontario et au Québec, pas seulement dans les villes concernées, mais l’échelle provinciale également, raconte le juge. C’était une exposition soudaine, comme une explosion, tout le monde en parlait. » Dans cette période de grand défi, le juge Morrison, « alors avocat de litige, a dû utiliser toutes ses aptitudes : pensée stratégique, défense des intérêts, organisation et résolution de problèmes » pour arriver à ses fins (traduction libre), raconte le juge Peacock. En 2007, à Anaheim, l’honorable Morrison a été obligé de mener une deuxième campagne pour sauver l’hôpital. Les délégués vont non seulement voter en janvier de garder l’hôpital à Montréal, mais ils ont également autorisé la construction d’un nouvel hôpital au site Glen.
Du professionnel au personnel
C’est d’abord en travaillant comme avocat sur un dossier qu’il a découvert l’hôpital. « Lorsque j’étais un jeune avocat, un associé senior m’a donné le dossier d’agrandissement de l’hôpital Shriners, raconte le juge Morrison. J’ai appris beaucoup sur l’hôpital et son système. Cela m’a donné une ouverture sur la fraternité des Shriners et ce qu’ils font pour les enfants. Des années plus tard, j’ai reçu un appel du président du comité d’administration de l’hôpital qui avait été impressionné par ma façon de m’impliquer dans le dossier et qui m’invitait à devenir membre du conseil. » Le mandat professionnel a alors pris un aspect plus personnel. Le juriste a accepté de s’impliquer bénévolement et a dû investir temps et énergie pour y parvenir puisque le processus pour devenir Franc Maçon puis Shriner lui a pris deux ans.
Il est rapidement devenu président du conseil d’administration. À ce titre, il a beaucoup voyagé à l’international. Son rôle de juge actuel et le devoir de réserve que cela implique limitent les actions qu’il peut poser et ses disponibilités, mais il demeure président émérite du conseil d’administration.
« Comme beaucoup d’avocats et d’avocates, j’avais une passion pour ma carrière, mais contribuer à une cause me donnait une satisfaction que ma carrière ne m’apportait pas », indique le juge Morrison. Pour lui, les expressions qu’il voyait sur le visage des enfants qui fréquentent l’hôpital étaient sa récompense. Deux de ses nièces y ont d’ailleurs été traitées pour des scolioses, une déformation de la colonne vertébrale qui peut entraîner une compression des organes. L’aînée a dû subir une chirurgie et la plus jeune a porté un corset.
Le juge Peacock rapporte également une histoire touchante qui s’est produite l’an dernier. « Gary, à titre de président émérite du CA de l’hôpital, a pu faire débuter l’année à l’Hôpital Shriners de Nicolai, un garçon de 12 ans, et sa mère, de l’Ukraine alors ravagée par la guerre. Le garçon a perdu ses jambes et a été sévèrement brûlé lors de l’explosion d’une grenade. Il a donc reçu des prothèses et réapprend présentement à marcher. » (traduction libre)
Un prix pour la cause
L’honorable Gary D.D. Morrison est membre de l’ABC-Québec depuis 1973 et il s’implique également auprès du Programme citoyenneté et chartes.
Le juge Morrison reste modeste et ne révèle pas d’emblée toute l’ampleur de sa contribution dans le maintien de l’hôpital Shriners à Montréal. « Je ne peux pas dire que je mérite une reconnaissance plus que les autres, mais je suis content et j’accepte ce prix au nom de l’hôpital, car il le mérite, indique le juge. Cela me donne une autre occasion d’en parler. » Il se dit également très fier de faire partie du groupe des récipiendaires du Prix pro bono Rajpattie-Persaud. Enfin, il lance une invitation à découvrir le travail de l’institution : « J’invite les gens à se rendre au site Glen pour visiter l’hôpital Shriners pour voir ce que nous faisons pour les enfants. »
Lien utile
L’hôpital Shriners pour enfants – Canada
Première photo : Me Michèle Moreau, présidente de l'ABC-Québec, l'honorable Gary D.D. Morrison, lauréat du Prix pro bono Rajpattie-Persaud, Mme Ghislaine Lafortune et l'honorable Mark G. Peacock, qui a proposé la candidature du lauréat
Deuxième photo : Madame Janet Fuhrer, présidente de l'ABC au niveeau national, remet le Prix pro bono Rajpattie-Persaud à l'honorable Gary D.D. Morrison.