Des planches de la scène aux madriers d’un chantier de construction, Me Annie Bernard, du cabinet Fasken Martineau et présidente de la section de droit de la Construction, a un parcours qui ne va pas de soi, mais qui s’est présenté à elle tout naturellement.
Découvrir sa passion
C’est au cégep que Me Annie Bernard a décidé de devenir avocate, menée par son goût pour le théâtre, l’improvisation… et l’argumentation. « Je retrouve à la cour le même feeling que lorsque je faisais de l’improvisation », affirme-t-elle. Pour elle, la plaidoirie est semblable à une prestation sur scène et lui fait vivre le même trac.
Originaire de Québec, elle a réalisé son baccalauréat en droit à l’Université Laval. Elle a ensuite été étudiante, stagiaire puis avocate au bureau montréalais du cabinet Fasken Martineau, où elle pratique toujours. « Je suis born and raised Fasken », dit-elle en riant. Au tout début de sa carrière, Me Bernard a travaillé sur son premier litige commercial de longue durée, mandat qui a duré six mois et lui a permis d’identifier son domaine de pratique, le droit de la construction, dont elle est maintenant une spécialiste. « Au début de ma carrière, je cherchais mon domaine et mon style, raconte l’avocate. J’ai fait un premier procès en solo, et je l’ai gagné. Cela m’a encouragé. »
Elle apprécie que son secteur de pratique lui permette de côtoyer d’autres professionnels : des ingénieurs, des comptables et des architectes, qui agissent souvent à titre d’experts. « Sans que l’on devienne expert soi-même, c’est un domaine de droit qui nous permet d’apprendre plein de choses », souligne Me Bernard. C’est aussi une pratique qui l’amène à sortir de son bureau, car elle représente des entrepreneurs et des sous-traitants. « Les clients expliquent leur réalité, mais c’est important d’aller sur les lieux, qu’il s’agisse d’un chantier ou d’une usine, pour bien comprendre », indique-t-elle. Un des procès dans lequel elle a plaidé a notamment exigé le déplacement de tous les intervenants de la Cour dans une usine au Saguenay. Elle s’est également déjà retrouvée sur le toit d’une usine chaussée de souliers à talons hauts.
L’industrie de la construction se transforme : les projets se complexifient et les temps de réalisation s’allongent; par conséquent, les réclamations et les problèmes se multiplient. Me Bernard soutient que ces écueils pourraient être évités en impliquant les juristes plus tôt dans les projets. « En faisant appel à nous dès le départ, nous pouvons minimiser les risques », plaide-t-elle. Elle recommande donc de « planifier en amont pour éviter les problèmes en aval. »
Les nouvelles exigences d’intégrité qui découlent de la Commission Charbonneau sont l’un des principaux enjeux de l’industrie. « Les clients nous posent beaucoup de questions à ce sujet, indique l’avocate, notamment au sujet de tout ce qui entoure l’obtention de l’autorisation de l’Autorité des marchés financiers. »
Pour l’excellence de l’ABC-Québec
Me Bernard est membre de l’ABC-Québec depuis 2003, soit depuis son entrée au Barreau du Québec. « J’ai toujours assisté aux conférences de l’ABC-Québec et apprécié leur qualité, affirme-t-elle. C’est d’ailleurs l’excellence des formations offertes qui m’a donné le goût de m’impliquer pour participer à leur élaboration ». Elle a été membre du comité exécutif de la section de droit de la construction en 2013 avant d’en occuper la présidence en 2016. « Cela m’a permis de côtoyer des collègues d’autres bureaux et des conseillers juridiques d’entreprises dans un autre contexte que lorsque l’on représente un client. Les communications sont ensuite plus faciles si on se retrouve sur le même dossier. » Elle est à la tête d’un groupe de bénévoles dont les membres sont « supers motivés, dynamiques et ont de bonnes idées », indique-t-elle.
La prochaine formation de la section sera la Conférence Jean Savard : Revue de la jurisprudence 2016 en droit de la construction qui aura lieu le 22 mars prochain à Montréal. Ce sera Me Claudia Déry, du cabinet Norton Rose Fulbright, qui sera une fois de plus conférencière lors de cet événement annuel. Le comité de la section envisage de tenir l’une de ses prochaines conférences sur les actions collectives dans le domaine de la construction.
Des quotidiens différents
Me Bernard s’implique également à l’extérieur du domaine juridique. Elle est notamment secrétaire du conseil d’administration de PMI-Montréal, l’Association des professionnels en gestion de projet du Québec. Elle y a trouvé une communauté de pratique dans le domaine de la construction. L’avocate est heureuse de côtoyer des gens très motivés qui donnent de leur temps. « J’avais l’impression de les aider, mais finalement, ils m’aident plus que je ne le fais », avoue-t-elle.
Sur un plan plus personnel, Me Bernard siège au conseil administratif du Théâtre Le Clou. « J’ai toujours aimé le théâtre et j’apprécie le contact avec des gens qui ont un quotidien différent du mien », indique l’avocate. Cette compagnie s’adresse aux adolescents et souhaite les intéresser au théâtre en présentant des pièces tirées de récit d’élèves. En effet, c’est en organisant un concours de contes dans les écoles secondaires et en adaptant les textes gagnants pour la scène où ils seront interprétés par des comédiens professionnels qu’ils captent l’attention de leur jeune public. Pour Me Bernard, c’est la suite d’une passion et un juste retour des choses : « C’est le théâtre qui m’a allumée et m’a aidée à passer au travers de ma propre adolescence », se souvient-elle. C’est également cet art de la scène qui l’a menée au droit.