La négociation est souvent une aptitude que les femmes doivent plus particulièrement développer. En effet, elles négocieraient généralement moins bien que les hommes. C’est à cette problématique qu’a voulu s’attaquer le Forum des femmes juristes de l’ABC-Québec en présentant un atelier de 4 heures intitulé Négociation professionnelle pour femmes juristes : avancement de carrière et conditions de travail le 14 avril dernier. Une soixantaine de femmes juristes se sont donc réunies dans les bureaux de McCarthy Tétrault par un beau matin ensoleillé au centre-ville de Montréal.
Des conférencières de renom
Les participantes ont été accueillies par Me Caroline Briand, avocate au cabinet Cain Lamarre, membre du Forum des femmes juristes et une des organisatrices de la formation, qui a présenté les deux conférencières. Me Kim Thomassin, associée directrice, Région du Québec, au cabinet McCarthy Tétrault. Elle est présidente sortante de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et est impliquée dans le Réseau des femmes exécutives et L’effet A. Me Claire Brassard, qui a nouvellement été nommée arbitre de griefs possède une riche expérience en droit du travail et en négociation de conventions collectives. Féministe de longue date, amoureuse des arts et ancienne associée au cabinet Cain Lamarre, elle possède un diplôme en sciences politiques et une maîtrise en administration publique.
Une des clés du succès : la préparation
Préalablement à l’atelier, les participantes devaient répondre à un questionnaire en ligne afin d’indiquer leur profil d’emploi ainsi que leurs besoins et motivations. Elles ont par la suite reçu un test pour identifier leur style de négociation de prédilection ainsi qu’une mise en situation en vue d’un exercice de négociation sur place, soit dans le rôle d’un employeur ou d’une candidate.
L’art de négocier
Les conférencières ont d’abord divulgué des conseils de négociation, basé tant sur la théorie que l’expérience personnelle, allant de la manière de se préparer à l’attitude à adopter durant la négociation.
Pour être prête à une séance de négociation, Me Thomassin, établit ses objectifs, identifie les sources potentielles de conflits et évalue ses forces et ses faiblesses. Elle fait des recherches sur les personnes présentes, les différences culturelles ainsi que le processus décisionnel de l’autre partie. L’avocate s’assure également de connaître les intérêts des deux parties. Me Thomassin souligne « que comme femmes, nous le faisons naturellement; c’est un avantage. » Enfin, elle attire l’attention sur l’importance de faire preuve de créativité et de s’adapter à la situation.
Pour sa part pendant une négociation, Me Brassard recommande de garder la tête froide, de faire preuve de diplomatie et d’adopter une attitude positive et généralement souriante. Pour l’arbitre, il importe d’instaurer un bon environnement et de prendre les choses en main. Elle a encouragé les participantes à passer à l’action : « Si vous ne demandez rien, vous n’aurez rien. » Me Brassard ajoute que le réseau professionnel et les « sponsors » peuvent aider à atteindre les objectifs de carrière. Obtenir de la visibilité en s’impliquant, notamment au sein des sections de droit et des comités de l’ABC-Québec peut également aider.
De la théorie à la pratique
Avec de nouvelles connaissances en poche, les participantes ont formé des duos employeuse-candidate afin de négocier une entente de travail fictive. Salaire, date d’entrée en fonction, prime annuelle, frais de déménagement, vacances, tout était sujet à discussion. La plupart des participantes sont arrivées à une entente. Certaines candidates ont également intégré le paiement des cotisations professionnelles et de la formation, l’entrée en vigueur des assurances dès l’embauche de même qu’un délai pour réfléchir à l’offre à leur contrat.
Me Thomassin a salué la créativité dont les participantes ont fait preuve et a souligné qu’il fallait regarder quels étaient les besoins. « Un accès à la garderie dans l’immeuble ou la possibilité de pouvoir consulter un coach pour nous aider dans notre développement peut également avoir beaucoup de valeur », indique-t-elle.
Réponses aux préoccupations
Les conférencières se sont ensuite penchées sur les besoins et motivations des participantes mentionnés dans leur questionnaire. Elles leur ont donné de nombreux conseils pour leur permettre de faire progresser leur carrière.
Peu importe que l’on souhaite obtenir une augmentation de salaire, une promotion, de nouvelles responsabilités ou encore participer à un projet ou à un comité, il est primordial de faire connaître son intérêt et ses bons coups, non seulement lors de l’évaluation annuelle, mais tout au long de l’année. Si une augmentation n’est pas possible, de nouvelles responsabilités, comme s’occuper d’une équipe ou collaborer à de nouveaux types de dossier, peuvent être négociées. « Il faut planifier la prochaine étape », indique Me Thomassin.
Avoir des alliés dans l’organisation, qu’ils soient plus ou moins expérimentés, est également un atout à ne pas négliger. Selon les conférencières, il importe de « se rapprocher des bonnes personnes » et « de suivre ses goûts et ses valeurs ». Enfin, en ce qui concerne la préparation du dossier de la négociation proprement dire, on suggère d’identifier ses points forts comme ses points faibles. Dans le cas d’une négociation visant un avancement professionnel, on peut tirer avantage d’être le premier à évoquer ses erreurs lors de la discussion afin de démontrer ce que l’on en a retiré.
L’expérience a été un succès d’où les participantes sont ressorties motivées et confiantes. Étant donné le succès de l’événement, L’ABC-Québec compte refaire une formation de ce type ou sur d’autres aspects du développement professionnel au féminin. Dites-nous ce qui vous intéresse en écrivant à lcailleres@abcqc.qc.ca.
Photo à gauche : Les organisatrices de l'atelier : Me Claire Brassard, Me Caroline Briand et Me Kim Thomassin