Améliorer l’accès à la justice pour les réfugiés

  • 29 mai 2018
  • Charlotte R. Castilloux, rédactrice-édimestre

Mme Nigah Awj s’implique auprès de différents organismes, mais toujours dans le but d’améliorer l’accès à la justice pour les immigrants et les réfugiés. Étudiante en droit de l’Université McGill, elle donne son temps, entre autres, à Solidarité sans frontières, Action Réfugiés Montréal, International Refugee Assistance Projet, l’Association canadienne des avocats et avocates en droit des réfugiés ainsi qu’à l’Association des aides familiales du Québec avec Pro Bono Canada. Elle a même fondé sa propre association : l’Association des jeunes Afghans de Montréal — The Afghan Youth Association of Montreal.

L’ABC-Québec a souligné son implication auprès de sa communauté en lui remettant le Prix étudiant — Engagement social, lors de son Dîner présidentiel du 28 mai 2018. « Être ainsi récompensée pour mon travail me fait, en quelque sorte, réaliser l’impact que je peux avoir », déclare l’étudiante de 3e année, qui se sent choyée d’être ainsi reconnue.

D’instinct, Mme Awj s’implique dans sa communauté comme si c’était « son devoir ». « Quand je vois qu’il y a un manque ou un besoin, explique-t-elle, si je suis capable de contribuer, je le fais sans hésiter. » La cause des réfugiés la touche personnellement, ce n’est donc pas au hasard qu’elle a choisi de s’impliquer auprès d’eux. « J’ai moi-même déjà eu [le statut de réfugié]. J’ai envie de redonner. De par mon expérience familiale et mes connaissances, je comprends leurs interrogations », raconte Mme Awj. D’origine afghane, sa famille est arrivée au Canada il y a 17 ans à titre de réfugiée.

De plus, selon elle, il est important d’améliorer l’accès à la justice pour cette clientèle notamment, car « il peut être ardu de se retrouver parmi les différentes démarches à effectuer lorsqu’on ne vient pas du Québec et qu’on n’est pas familier avec la langue. » Elle se sert donc de son parcours pour aider d’autres familles qui vivent une situation similaire. « Ça ne peut que m’aider d’avoir vécu la même chose. Je comprends leur situation et je peux les aider grâce à mon expérience, mais aussi avec mes compétences développées dans le cadre de mes études en droit », affirme Mme Awj. 

Rassembler la communauté afghane

abc_2018_0020.jpgC’est en s’impliquant au Centre communautaire des femmes Sud-Asiatiques que Mme Awj a remarqué le manque de lieu de rassemblement pour les Afghans à Montréal. « L’intention principale est d’être rassembleur et de créer un réseau d’entraide pour répondre à leurs questions ou les diriger vers les ressources adéquates », souligne-t-elle. Pour y parvenir, l’Association se concentre surtout sur la représentation de la culture afghane dans plusieurs événements et festivals et offre différents services, entre autres, d’accompagnement juridique ou de traduction. « Nous souhaitons aussi encourager les jeunes à s’éduquer et à apprendre le français et l’anglais », ajoute-t-elle en précisant que l’éducation est la clé pour s’intégrer facilement.

De la santé au droit

C’est vers la médecine que se dirigeait Mme Awj avant d’entrer en droit. « La majorité de ma famille travaille en santé, c’était naturel pour moi de me diriger vers ce milieu, mais j’avais besoin de quelque chose de plus varié et qui cadrait davantage avec ma personnalité. C’est en droit que j’ai pu combler ce besoin d’être près des gens et de les aider », affirme l’étudiante.

Selon Mme Awj, s’impliquer comme elle le fait dans sa communauté a nécessairement un impact sur son cheminement de juriste. « Parfois, on s’isole dans notre monde légal et s’ouvrir ainsi nous permet d’obtenir la vision des autres sur notre domaine », estime-t-elle.

Même si toutes ses implications l’ont amenée à toucher principalement au domaine de l’immigration, ce n’est pas nécessairement vers ce droit qu’elle aimerait se diriger. « C’est par intérêt et par souci d’aider que je m’implique auprès des immigrants. Mais je suis encore en phase exploratoire, il y a tellement de domaines de droit intéressants. » Cet été elle travaille au cabinet Borden Ladner Gervais où elle a l'occasion de continuer son apprentissage sur différents domaines.

Elle a adhéré à l’ABC puisque, pour elle, il s’agit d’un riche réseau d’apprentissage et de contact. « C’est une chance pour les étudiants de faire partie [d’une telle Association] et d’être ainsi reconnu par autant de juristes d’expérience », déclare-t-elle très émue du prix que l’ABC-Québec lui a remis. « Il y a tellement de personnes incroyables qui travaillent fort. Oui, je m’implique beaucoup, mais pas dans le but d’être reconnue et récompensée, mais bien parce que je peux le faire et que j’en ai envie ! », affirme-t-elle.

En plus de souligner la contribution exceptionnelle de Mme Nigah Awj, lors du Dîner présidentiel, Me Marie-Christine Hivon, présidente de l’ABC-Québec, lui a remis une bourse de 300 $. Mme Awj souhaite mettre en ligne un site Web traduit en plusieurs langues concernant les questions pressantes des immigrants et réfugiés au Québec pour leur offrir de l’information utile et des ressources dans leurs langues. La Division est fière que cette bourse puisse l’aider à réaliser ce projet.

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