C’est dans les magnifiques salles de Bal du Windsor, dans une salle comble et dans une ambiance chaleureuse, que s’est déroulé le Dîner présidentiel de l’ABC-Québec, le 10 juin dernier.
Pour cette édition, Me Louis Sévéno, président de la Division et maître de cérémonie, a accueilli environ 340 invités.és de la communauté juridique et du milieu des affaires. Nous avons eu l’honneur d’accueillir le très honorable Richard Wagner, C.P., juge en chef du Canada et l'honorable Mary T. Moreau, juge de la Cour suprême du Canada, pour une discussion passionnante sur le bilinguisme et la présence accrue de juges francophones au sein de la Cour suprême du Canada, ainsi que sur le tournant historique de la prépondérance des femmes à la Cour. Lors de cet échange passionnant et inspirant, nos conférenciers d’honneur nous ont partagé leurs expériences personnelles, professionnelles et leur vision pour une meilleure indépendance judiciaire.
Prépondérance des femmes à la Cour suprême
Monsieur le Juge en chef Wagner a, notamment, indiqué souhaiter atteindre la parité et l’égalité dans les tribunaux. Les femmes juges sont issues de régions différentes et ont des profils différents. Il a par ailleurs salué la forte représentation des femmes à la magistrature au Québec (51% des juges au Québec sont des femmes). L'honorable Mary T. Moreau, quant à elle, dit espérer que cette situation devienne normale et acceptée, car elle ouvre aussi les portes à la diversité sur le banc. Elle espère voir, dans les années à venir, une majorité de femmes dans les institutions et les cabinets d’avocats.
Me Sévéno a souligné le rôle indispensable des femmes juges à la Cour suprême du Canada et a également salué le désir d’avoir une meilleure représentation des genres et un effort de diversification de notre magistrature.
Bilinguisme
L'honorable Mary T. Moreau a indiqué que, depuis son plus jeune âge, elle accorde une grande importance à la langue française. De par ses origines franco-albertaines, elle considère que « la voix d’une culture, c’est sa langue ». Plus encore, elle a souligné lors de la soirée qu’il est important d’être bilingue à la Cour et dans la société au Canada, car cela ouvre la porte au multilinguisme et au multiculturalisme.
Sur le même sujet, monsieur le juge en chef Wagner a mentionné qu’il est important que les juges siégeant à la Cour suprême du Canada (25% des dossiers sont entendus en langue française), soient en mesure de comprendre, d’échanger et de travailler dans les deux langues officielles. « Il faut savoir qu’il y a 250 employés à la Cour, et la majorité sont francophones. ». Par ailleurs, il a également souligné que les avocats.es canadiens.ennes et québécois sont très appréciés par les organisations internationales en raison de leur capacité à s’exprimer dans les deux langues officielles.
Indépendance judiciaire
Monsieur le Juge en chef Wagner a débuté ce thème en rappelant que l’indépendance judiciaire est primordiale pour la société. « Il faut s’assurer que pour chaque citoyen.ne qui se présente devant une Cour de justice, chacun ait la conviction qu’il et qu’elle sera entendu.e par un juge indépendant, impartial et non soumis à quelque pression que ce soit ». Toute attaque à l’indépendance judiciaire met en péril la démocratie et l’état de droit. Le principal défi, selon lui, est la désinformation, car celle-ci peut atteindre et nuire à la crédibilité des institutions. Il a indiqué que l’une des façons de pallier à la désinformation est l’éducation; ainsi, la Cour suprême du Canada a fait en sorte que ses décisions soient connues et qu’il est primordial que les personnes comprennent comment les décisions sont prises par les tribunaux. Avec l'arrivée de l'intelligence artificielle, il a noté que la désinformation pourrait s’accroître et pourrait représenter un risque. Par ailleurs, toujours afin de lutter contre la désinformation, il a indiqué que la Cour suprême du Canada a mis en place une revue annuelle, depuis 2017, qui donne l’état des travaux à la Cour de la dernière année, via une conférence de presse, annuelle. Il a aussi mentionné le fait que la Cour suprême tient maintenant ses audiences à l’extérieur de ses bureaux d’Ottawa, en rappelant le succès des audiences tenues à Winnipeg en 2019 : « On a amené la Cour à des personnes qui n’ont pas ou peu d’opportunités de venir à Ottawa. Il y avait un besoin. Nous avons beaucoup de défis dans le système de justice, notamment au niveau du financement, le manque de ressources à tous les niveaux, mais nous avons un beau système de justice, une belle démocratie. Les valeurs fondamentales sont respectées par la population et nous n’avons rien à cacher. Il faut le dire aux gens et il faut qu’ils le sachent. Il est difficile d’apprécier quelque chose que vous ne connaissez pas. On veut faire connaitre les décisions des tribunaux, des juges et on souhaite continuer dans ce sens-là. »
Le Juge en chef a ajouté que : « Les juristes ont un très grand rôle à jouer pour promouvoir l’indépendance judiciaire. Ils ont une liberté de parole que les juges n’ont pas. La pratique du droit est compétitive, elle n’est pas facile, mais le problème de l’accès à la justice sera résolu que si on adopte plusieurs mesures. Le travail pro bono est une belle façon pour les avocats et avocates de contribuer à l’accès à la justice, de maintenir l’intégrité du système de justice et la connaissance du système de justice. Je pense que la magistrature compte sur les avocats et les avocates et sur les associations comme l’Association du Barreau canadien pour prendre des positions, pour dénoncer, appuyer, pour innover. Ce sont des partenaires de la justice, on compte beaucoup sur eux. »
L'honorable Mary T. Moreau a ensuite partagé des conseils aux jeunes femmes juristes, notamment pour celles qui souhaitent suivre sa voie : elle a souligné que le travail de juge est un travail merveilleux, et que les jours ne se ressemblent pas. En tant qu’ancienne avocate et juge, son conseil est de saisir les opportunités et de se préparer, en spécifiant que la pratique en litige comporte beaucoup d’imprévus. Toujours selon la juge Moreau, « En tant que mère, il est important de reconnaître quand on a besoin d’aide aussi. Il y a des moments où nous sommes plus vulnérables au cours de notre vie professionnelle, surtout quand on devient parent. Un cabinet qui comprend la situation de l’employée vulnérable et qui soutient cette personne-là pourra compter sur la loyauté de cette personne tout au long de sa carrière. Cela revient à chacun de prendre soin de soi. »
Prix de la Division
Après de courtes allocutions du Ministre de la justice fédéral, l’honorable Arif Virani, du Ministre de la Justice provincial, Monsieur Simon Jolin-Barrette, du président de l’ABC, Me John Stefaniuk, K.C., c.r., et de Me Richard Vachon, associé au cabinet Woods, partenaire principal, l’ABC-Québec a terminé la soirée en rendant hommage aux trois récipiendaires des prix de la Division pour leur implication bénévole au sein de la profession ou dans la communauté.
Me Freddy Bui, Directeur du recrutement professionnel et des affaires du Groupe Montpetit, a présenté le parcours inspirant de Madame Céleste Trianon, Fondatrice de la clinique Juritrans et étudiante en droit à l'Université de Montréal, récipiendaire du Prix étudiant - Engagement social. Pour lire l’entrevue de Madame Céleste Trianon, récipiendaire du Prix étudiant - Engagement social.
Ensuite, Me Matthew Angelus, associé au cabinet Torys, a pris la parole pour présenter la section Assurances et litiges civils, présidée par Me Patricia Timmons, Fonds d’assurance responsabilité professionnelle du Barreau du Québec, récipiendaire du Prix Claude-Beaudoin - Excellence - Sections de droit.
Pour lire l’entrevue de Me Patricia Timmons, récipiendaire du Prix Claude-Beaudoin - Excellence - Sections de droit.
Enfin, Me Steeves Bujold, Ad.E., associé au cabinet McCarthy Tétrault, a remis à Me Audrey Boctor, associée chez IMK, le Prix Jules-Deschênes. Me Boctor est impliquée au sein de l’association depuis 13 ans. Elle est actuellement membre du Conseil d’administration de l’ABC national, et fut présidente de l’ABC-Québec en 2018-2019.
Pour lire l’entrevue de Me Audrey Boctor, récipiendaire du Prix Jules-Deschênes.
Nous tenons à remercier les participants.es qui ont rendu cette soirée exceptionnelle. Nous vous donnons rendez-vous l’année prochaine pour l’édition 2025.
Enfin, nous tenons à exprimer notre reconnaissance à l’ensemble de nos partenaires pour leur confiance : Woods, notre partenaire principal, McCarthy Tétrault, Torys, Groupe Montpetit, nos partenaires présentateurs, Grondin Savarese, notre partenaire du cocktail, et LCM Avocats, Lavery, IMK, La Financière des avocates et avocats, SOQUIJ - Société québécoise d'information juridique et Omni Bridgeway, nos partenaires de l’événement.
À l’année prochaine !
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