Entrevue avec Me Audrey Boctor, membre du Conseil d’administration de l’Association du Barreau canadien, présidente du comité égalité de l’ABC, et associée chez IMK s.e.n.c.r.l./LLP.
Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris que vous étiez l’heureuse récipiendaire du Prix Jules-Deschênes ?
J’ai été extrêmement émue. L’ABC a été tellement importante pour moi tout au long de ma carrière. Le bénévolat, c’est quelque chose que l’on fait par conviction et non pour la reconnaissance. J’ai été quand même très touchée de voir que mes contributions ont été appréciées par mes pairs. Je sais que je ne suis pas la seule à avoir donné à la Division alors j’apprécie énormément cette reconnaissance.
Vous vous impliquez depuis longtemps au sein de l’ABC-Québec. Me Mathieu Bouchard, Directeur exécutif chez KPMG a soumis votre candidature pour ce prix, et il a souligné votre implication au sein de l’ABC-Québec depuis 13 ans :
Vous êtes membre du conseil d’administration de l’ABC national, et vous avez été Présidente de la Division en 2018-2019, Vice-présidente en 2017-2018. Vous avez, par ailleurs, été membre du Conseil d’administration de la Division entre 2015 et 2020, vous avez présidé le Comité Égalité, et vous avez présidé la section de droit Administratif de la division entre 2012 et 2015.
Votre parcours au sein de notre association est impressionnant. J’imagine que vous avez un attachement particulier à la Division. Pourquoi avez-vous choisi de vous impliquer au sein de l’ABC-Québec ?
Quand je me suis joint au cabinet IMK en 2010, j’étais intéressée à m’impliquer au sein de l’ABC mais je ne savais pas par où commencer. C’est Me Bouchard qui m’avait encouragée à m’impliquer au sein de la section de droit Administratif de la Division, car j’avais un grand intérêt pour le droit public. J’ai donc présenté ma candidature pour me joindre au comité exécutif de la section de droit administratif, qui siégeait avec le comité exécutif de la section de droit constitutionnel et droits de la personne. J’ai été très chaleureusement accueillie par le groupe et c’est vraiment à partir de là que je suis devenue « accro » à l’ABC. C’était un milieu formidable pour rencontrer d’autres juristes avec des intérêts communs, pour travailler avec des personnes qui avaient des carrières qui m’interpellaient. J’ai adoré ça ! Nous avons organisé des conférences, des colloques, des prises de position, c’était vraiment stimulant. L'organisation de conférences nous permet de créer des occasions d’apprentissage, de perfectionnement, mais ce sont aussi des lieux de réseautage et de connexion. J’ai rencontré des personnes extraordinaires à travers l’ABC-Québec.
Le président de la section de droit administratif, Simon Ruel (maintenant juge à la Cour d’appel) m’a éventuellement encouragée à soumettre ma candidature pour le poste de vice-présidente; c’est avec grand plaisir que j’ai accepté. Quand je suis devenue présidente de notre section au Québec, j’ai siégé automatiquement comme membre du comité exécutif de la section nationale du droit Administratif. Plus tard, j’ai aussi présidé cette section nationale et j’ai eu l’occasion de rencontrer et travailler avec des personnes exceptionnelles à travers le Canada.
Les sections de droit sont au cœur de la mission de l’ABC, cela a toujours été très important pour moi. Quand je suis devenue présidente de la Division, une de mes priorités était de mettre en valeur les sections de droit et les formations offertes par la Division.
Parmi vos réalisations au sein de l’ABC-Québec, quelle a été votre plus grande réussite et vos plus grands défis ?
Lorsque j’étais vice-présidente de l’ABC-Québec, nous avions organisé un atelier d’idéation pour avoir une meilleure idée de ce qui fonctionnait bien, et ce que nous pouvions améliorer. À travers cet exercice, nous avons compris que nos membres souhaitaient connaître la valeur de leur adhésion, ils souhaitaient des formations qui sortent des sentiers battus, et que l’ABC-Québec soit présente et prenne position sur les enjeux qui affectent l’administration de la justice et les membres. Pendant mon année de présidence, ce sont ces aspects-là que j’ai priorisés. Nous nous sommes surtout concentrés sur la façon dont nous pouvions dynamiser l’adhésion des membres, et la valeur ajoutée que nous pouvions leur apporter. Avec la collaboration étroite et totale de la permanence, dont le leadership de Me Manon Dulude et de Me Martin Thibault, le 19 novembre 2018, nous avons pris la décision de rendre l’accès au Centre de formation web gratuit à tous les membres de l’ABC-Québec. À l’époque, c’était très innovateur d’offrir un accès gratuit à toutes les formations web à l’ensemble des membres. Cette initiative a été très appréciée et je pense que cette offre différencie toujours l’ABC-Québec des autres associations, surtout lorsqu’on considère la grande qualité de ses formations.
Depuis 2014, vous êtes membre du Conseil d’administration de l’Association canadienne des libertés civiles et vous avez agi dans plusieurs dossiers à titre pro bono. Le bénévolat occupe une place importante dans votre vie : comment réussissez-vous à conjuguer travail et bénévolat ?
Pouvoir prendre un dossier pro bono est pour moi une des raisons pour lesquelles j’ai voulu devenir avocate plaidante. C’est aussi une des raisons qui ont fait que je me suis jointe à IMK, car le cabinet a une longue tradition d’implication pro bono et encourage fortement l’implication au sein de la communauté juridique. Je me considère extrêmement chanceuse d’être associée au sein d’un cabinet qui accorde autant de valeur à l’implication pro bono et au bénévolat. Lorsqu’on travaille dans un cabinet, le pro bono, ce n’est pas quelque chose que l’on peut faire seul; il faut le faire avec l’appui du cabinet, c’est tout le monde qui y contribue. C’est sûr que le pro bono, le bénévolat, ça peut rajouter au travail. Mais lorsqu’on aime ce que l’on fait, on voit moins les heures passer. Je suis très reconnaissante de pouvoir travailler avec une équipe d’avocat.e.s et de personnel qui sont passionnés par le travail que nous faisons. Aussi, mon conjoint m’a toujours appuyé et encouragé dans tout ce que j’ai fait. Alors je suis très choyée.
Pour finir, que diriez-vous à quelqu’un qui souhaite s’impliquer au sein de l’ABC-Québec ?
Merci d’avoir posé la question, car en réfléchissant à tout cela, je me suis rendu compte qu’à chaque fois que j’ai accepté une position de leadership au sein de l’ABC-Québec, que ce soit au sein d’une section de droit, du Conseil d’administration, de la vice-présidence et présidence de l’ABC-Québec ou au niveau national, c’est toujours quelqu’un d’impliqué qui m’a dit : « Tu devrais penser à soumettre ta candidature pour telle chose » car je ne suis pas quelqu’un qui se propose naturellement. Au sein du conseil d’administration de la Division, c’était d’abord Me Stéphane Lacoste et ensuite Me Marie-Christine Hivon (maintenant juges à la Cour supérieure) qui m’ont encouragé à me joindre au CA et éventuellement à soumettre ma candidature pour la vice-présidence.
Je suis extrêmement reconnaissante envers toutes ces personnes qui m’ont encouragée à être encore plus impliquée et à assumer des positions de leadership. Je ne peux exprimer à quel point c’est important et j’espère continuer à m’impliquer encore longtemps, pour faire de même pour la relève. Alors pour ceux et celles qui souhaitent s’impliquer, n’hésitez pas à en parler à quelqu’un qui s’implique déjà au sein de l’ABC. Et à ceux et celles qui sont déjà impliqué.es, n’hésitez pas à encourager quelqu’un à s’impliquer plus. On ne sait pas à quel point ça peut être significatif dans la vie de quelqu’un, ce petit encouragement supplémentaire.
Enfin, je dirais que s’impliquer c’est quelque chose que l’on fait parce qu’on aime cela, on donne beaucoup, mais on en retire beaucoup plus!